Le Collège Poudlard

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Dray Fox
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Dray Fox

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MessageSujet: Rencontre désagréable...   Rencontre désagréable... Icon_minitimeLun 9 Oct 2017 - 20:09

[Bon, il est plus que temps que je poste ce que j'ai commencé à écrire mais jamais fini, ça va peut-être me motiver à reprendre ! ^^''']


La scène se déroule un jeudi soir de février, au Fifty, un casino moldu de Londres.…

Sur l'une des terrasses de l'établissement de luxe, entre deux pluies, un jeune homme, brun aux reflets étrangement métalliques, tiré à quatre épingles, les coudes appuyés sur la rambarde de sécurité, s'allumait une cigarette. Mais sa façon de faire montrait bien que ce dernier était au mieux agacé, au pire contenait visiblement sa colère. Et en même temps, isolé ainsi, il semblait, dans la position de ses épaules, cachait une grande lassitude et une profonde solitude.

Il expira un nuage de fumée, qu'il avait bloqué plusieurs secondes dans ses poumons alors que l'une des grandes portes qui menaient à l'intérieur, s'ouvrit sur un homme plus âgé que lui, la même chevelure quoi que plus poivre et sel, le même regard mais plus dur, aussi grand et tout aussi bien habillé.

"Fous-moi la paix… "

Visiblement, l'intrus n'était pas le bienvenu, c'était peu de le dire, quand on voyait la main gauche du plus jeune se crisper sur le parapet sans qu'il daigne se retourner.

"Tu manques à tes devoirs !"

Cette réplique sévère ne provoqua qu'un éclat de rire amer chez celui à qui elle était adressée, le regard fixé sur l'extrémité ardente du tube de nicotine, pour ne pas le porter sur celui qu'il avait furieusement envie de frapper.

"Je ne vois pas en quoi faire une pause clope me fait manquer à mes devoirs de futur gendre."

Le plus vieux ne se laissa pas démonter par le ton rogue de son vis-à-vis qui lui tournait toujours le dos. Il croisa les bras, rendant son attitude inflexible.

"Je parle de ton attitude en général. Je t'ai connu meilleur comédien."

Le plus jeune haussa les épaules, peu enclin à la leçon.

"Que je sois aimable ou pas, ça ne changera pas vos plans alors je ne vois pas pourquoi je devrais me forcer."

L'homme le plus âgé s'approcha à son tour du parapet, en s'allumant un cigare.

"Agréable pour ta fiancée. Tu dramatises. Ce mariage ne signifie rien. C'est du business. J'ai épousé Béa pour des raisons similaires et je n'en suis pas mort. On ne te demande pas de rester avec cette fille à vie. Un an ou deux suffiront."

Ce désintérêt clairement affiché, l'allusion à sa belle-mère dans une version de l'histoire qui lui était inconnue et l'ironie de la dernière phrase firent tressaillir le jeune homme qui donna un violent coup de pied dans le parapet pour ne pas que ce soit son poing sur son voisin. Il cria, hors de lui.

"Quo… ? Tire-toi !"

Bon, visiblement, il n’était vraiment pas prêt à entendre raison. L'intrus décida qu'il était plus sage de reculer.

"Rejoins-nous à la table de craps quand tu seras calmé."

Ca, ce n'était pas prêt d'arriver si on en crut le deuxième coup de pied que le jeune homme donna dans le muret alors que le plus âgé retournait à l'intérieur.

Expliquons un peu mieux les faits qui tenaient en peu de mots malgré leur aberration. Simon Fox, l'intrus au cigare, avait décidé quelques semaines auparavant, début décembre, que pour faciliter le rachat d'un très gros concurrent qui posait au Groupe de très gros problèmes que Dray, son fils aîné et le jeune homme à la cigarette, ferait une très bonne transaction, ce gros concurrent ayant une fille à marier. Pour contrer un adverse trop difficile à écraser, faites-en un allié… Et ce raisonnement était tout aussi valable de l'autre côté puisque le Groupe posait autant de très gros problèmes à ce puissant homme. Fin novembre donc,  Simon avait annoncé la couleur au Conseil d'administration. On passe l'énorme dispute que cela créa entre le père et le fils. Mais il fut dit que Dray n'eut pas beaucoup de soutien… A vrai dire, il n'en eut aucun parce que la situation était bien trop problématique. Suite à des complications trop barbantes pour être expliquées, le Groupe était prêt à se faire absorber par ce concurrent moldu, ce qui pouvait poser quelques "légers" problèmes quand votre entreprise était à moitié sorcière. Et Simon ne se gênait pas pour mettre cela sur le dos de son fils, PDG qui avait pris quelques libertés en se mettant plusieurs mois en congé sabbatique pour ne revenir qu'en février, en plus de quelques affaires malheureuses. En somme, il était en partie responsable en ayant au mieux manqué de vigilance et de prudence en tant que PDG… Le dossier de Simon, contre lui, était en béton, détaillant ses mauvaises décisions et leurs conséquences. La menace était évidente et malgré les alliances du jeune homme, le Conseil d'Administration était contre lui et derrière leur Vice-président, cette fois, même David. En réalité, tout était une question d'interprétation dans cette histoire et on ne laissa pas le bénéfice du doute au trentenaire, le peu d'alliés qu'il avait recevant sans contexte des pressions (Cox et Faure en l'occurrence obligés de céder, menacés de licenciement sous prétexte d'avoir rompus leur clause de confidentialité… Fox leur avait conseillé de laisser couler… Inutile qu'ils perdent leur boulot…). Ce mariage, et surtout le contrat qui allait avec, était une solution facile, à moindres frais, et apaisait les choses, offrant au Groupe du temps et une nouvelle stratégie pour retourner la situation à son avantage. Il remettait les deux adversaires sur un pied d'égalité par une alliance. Et Dray n'avait pas son mot à dire, étant le seul à être réfractaire (et c'était un euphémisme… ) à l'idée. La jeune femme, belle arriviste, trouvait que l'idée valait qu'on s'y penche. Argent, position sociale, mariée à un play-boy, PDG millionnaire… C'était une situation à laquelle on pouvait s'habituer… Et donc depuis cette annonce, les deux familles multipliaient les rencontres dont certaines étaient même médiatisées, la belle ayant des accointances avec la jet-set anglaise et américaine. Dray, piégé, n'avait pour le moment aucune solution pour se sortir de là… Il se retrouvait fiancé malgré lui… On ne vous dit pas l'ambiance depuis quelques temps, y compris au château... Fox n'était pas le seul à ne pas apprécier la blague surtout que la bande l'avait appris de la presse avant du concerné (on ne se refaisait pas…)…  Et Seiki avait ensuite persuadé l'Américain après une engueulade en bonne et due forme de toutes les parties, de le dire à son compatriote… Il ne pouvait pas lui cacher un truc aussi énorme ! Et Dray était d'accord avec ça, même s'il se sentait super mal face à tout ça et donc n'avait pas envie de s'étaler là-dessus dans un premier temps, surtout pas avec son meilleur ami dont il était raide dingue ! Bonjour le malaise !

Voilà, donc, que le jeune homme essayait de retrouver un semblant de calme et surtout la force de jouer une sinistre comédie. Il était fatigué… Ce début d'année n'avait pas été simple. En plus des affaires courantes, toujours plus nombreuses, dans une ambiance détestable, il multipliait les heures pour tenter de contrer ce plan foireux… Ajoutez à cela une mauvaise grippe dont il était sorti dix jours avant, un temps exécrable très humide et froid depuis plusieurs jours, qui réveillait ses douleurs articulaires, fantômes de son accident de moto qui elles-mêmes perturbaient son sommeil déjà fragile, plus de sport non plus par conséquence, et vous obteniez un New-yorkais surmené. Et le jeune homme n'était pas au bout de ses peines…

Toujours dos aux portes, plusieurs minutes après le départ de Simon, Fox entendit ces dernières s'ouvrir une nouvelle fois. Il crut que son père revenait à l'attaque. Il l'accueillit comme il se devait…

"Je t'ai dit de dégager ! Faut vraiment que j'en vienne à t'en foutre une pour que tu comprennes ?! Ne me pousse pas à bout !"

Parce que cette fois, Simon avait dépassé les bornes ! Et si jusque là, Dray avait réussi à ne pas  franchir la ligne, là, il était prêt à craquer… Sauf que le nouvel intrus n'était pas du tout Simon. Dès que Dray entendit sa voix, il se glaça. Et instinctivement, en se retournant pour lui faire face, il porta sa main sur son flanc droit, sentant une douleur aigue monter en flèche, une douleur qu'il ne connaissait que trop bien mais qu'il n'aurait plus dû ressentir. Ou quand une ancienne blessure vous hantait…

"M. Drake…" fut sa seule réponse, le plus glacialement du monde, même s'il ne pouvait pas empêcher la peur d'affluer en lui. Mais il ne pouvait pas montrer ce qu'il ressentait réellement. Il ne pouvait pas perdre la face devant lui… Il ne se montra guère chaleureux…

"Parfait, ma soirée n'était pas encore assez mauvaise."

Il était bien connu que le sarcasme était une des ses armes les plus affutées…

"Je doute que vous soyez ici pour une discussion de courtoisie. Que me voulez-vous ? Dans un casino moldu en plus ! Quelle blague…"

… et la patience, pas l'une de ses vertus, s'il en avait…
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MessageSujet: Re: Rencontre désagréable...   Rencontre désagréable... Icon_minitimeLun 9 Oct 2017 - 20:37

Stephen Drake s'ennuyait. Et quand il s'ennuyait… Et bien, il valait mieux pour ceux qui l'entouraient que cela n'arrive pas… Mais fort heureusement, Stephen Drake avait des solutions contre l'ennui. La chasse par exemple. Et quand il n'avait pas de proie à sa convenance, le jeu. Ce fut pour cela qu'il se décida ce jeudi soir à se rendre au Fifty. En habitué du lieu et riche client, il était reçu comme un prince. Ces moldus avaient beaucoup de défauts et étaient faibles mais quand il fallait gagner de l'argent, ils savaient mettre les petits plats dans les grands. Donc après avoir été salué par le directeur et retiré une somme indécente de jetons, Drake s'était installé à la table de roulette, le jeu qui était le moins prévisible, un verre d'excellent bourbon en main.

Ce fut donc confortablement assis, accompagné d'une hôtesse, une brune fade mais pas désagréable à regarder, c'était un détail notable, qu'il vit arriver un drôle de cortège dont il connaissait trop bien deux des membres. Et comme Stephen était homme à lire la presse, il sut très vite identifier le troisième homme et la jeune femme, tout ce beau monde entouré de gardes du corps. Voilà qui était intéressant. Son regard indifférent sembla s'animer un instant. Cette soirée commençait enfin à devenir un peu moins ennuyante parce qu'un détail attira l'observateur qu'il était. Dray Fox se tenait de manière plus qu'évidente en retrait du groupe avec son chien de garde habituel, à deux mètres minimum réglementaires des trois autres et surtout de la blonde peroxydée qui selon les journaux être la future Mme Fox… Une moldue… Scandale dans la presse ultra-sorcière.  Mais vu l'attitude du PDG américain, avec sa tête de croque-mort, si ces deux là étaient ensemble, il voulait bien se faire dévorer par un dragon.

De sa table, Stephen avait un poste d'observation idéal. Et il voyait de plus en plus l'occasion parfaite de s'amuser un peu aux dépends de celui qui depuis quelques années était un désagréable petit caillou dans ses souliers haute-couture. Et quand au bout d'un moment autour des tables de black jack, puis de celles de craps, il vit Fox s'éloigner de tous en douce, y compris de son garde du corps pour se rendre sur une terrasse extérieure, il jugea le moment adéquat.

Mais quand le Canadien voulut rejoindre son adversaire, il entendit les voix des deux Américains. Un fin sourire moqueur passa une seconde sur ses lèvres. Il avait vu juste, c'était un mariage arrangé. Voilà qui était quand même impayable, que ce fort en gueule se retrouve fiancé de force par son père à qui il avait sauvé la mise, il fallait bien le dire. Belle gratitude du pater, soit dit en passant ! Toute cette histoire égayait un peu l'ennui de l'homme d'affaires. Et La conversation qu'il avait l'intention d'avoir avec le petit New-yorkais promettait d'être remuante, vu son état de nerfs… Stephen adorait le sport…

Drake, revenu sur ses pas quand Simon rentra, rejoignit donc sa proie du soir. Bon, ce ne serait qu'une petite discussion sans prétention mais c'était mieux que rien. Il trouverait bien de quoi s'amuser réellement avec lui et prendre sa revanche une prochaine fois de toute façon. Dray Fox n'était pas réputé prudent et très réfléchi, il en savait quelque chose.

Il était temps que Drake se manifeste… L'accueil fut à la hauteur de ses attentes. Il était prêt à mordre, le renard ! Un large sourire très satisfait s'afficha sur les traits du Canadien. Ce serait presque trop facile, tiens, si Fox était aussi prédisposé…

"J'ai entendu que les félicitations étaient de mise, Monsieur Fox… Mais je vous sens tendu. Tsss, quel dommage, c'est toujours délicat quand un souci de famille gâche la noce…" dit-il donc  en guise d'introduction. Le sarcasme de sa voix était évident, Drake ne voyait aucune raison de cacher ce qu'il ressentait, bien au contraire. C'était d'un risible leurs histoires, ça le ferait presque rire ! Décidément, les Fox avaient le don de le sortir de son apathie quelle qu'en soit la raison.

Et la satisfaction se transforma en délectation perverse quand il vit Fox se tendre à l'extrême en se rendant compte qu'il n'était pas celui qu'il croyait et se tenir le flanc, détail d'importance !, en se retournant vivement. Malgré les efforts de son vis-à-vis, il y avait bien une émotion qu'on ne pouvait pas cacher à Stephen Drake, c'était la peur. Il en appréciait bien trop le spectacle pour la laisser passer. Il adorait voir les êtres insignifiants qui l'entouraient craindre et s'effrayer. Fox l'avait laissé sur sa faim lors de leurs précédentes rencontres. Mais là, il semblait bien que sa proie n'ait pas les moyens, la force morale de se dissimuler, ce soir-là. Si le simple fait de l'entendre le tiraillait, alors décidément, le Canadien allait passer une bonne soirée… Mais Stephen devait admettre que décidément l'Américain avait un caractère fort. Il se reprit en effet en quelques secondes et tenta immédiatement de reprendre l'avantage en le renvoyant dans ses buts.

"Vous m'en voyez navré mais je suis au regret de vous décevoir en plus de vous gâcher la soirée. Je ne veux en effet rien de particulier, vous n'avez pas tant d'importance. Quoi qu'en effet, vous ayez aussi raison, la courtoisie ne nous va pas. Disons que… je m'ennuie ! Et j'espérais que vous me divertissiez. " expliqua en premier lieu le personnage qu'était Drake, de son ton altier nonchalant qui le caractérisait habituellement en public. Cette remarque un peu faraude en avait déjà exaspéré ou inquiété plus d'un à la place de Fox. Ce n'était pas comme s'ils étaient des inconnus l'un pour l'autre après tout… Ce que rappela d'ailleurs l'Américain. Drake mit donc les choses au clair…

"Mais ma présence dans un casino moldu ne doit en aucun cas vous troubler. J'ai une affection pour le démon du jeu. Et les moldus ont d'excellents établissements de luxe. Les sorciers se contentent de cercles privés... Cela est d'un plat… Les moldus sont peut-être faibles et très… étroits d'esprit, d'insolentes créatures inconsistantes et très présomptueuses mais on ne peut leur reprocher de voir les choses en grand. Le Fifty est un endroit très raffiné, c'est pour cela que vous et moi en sommes clients…"

De cela, Stephen en était sûr. Il avait eu le temps d'enquêter sur Fox après tout. Il savait à qui il avait affaire depuis le temps. Il s'approcha à son tour du parapet, son verre de bourbon à la main, l'air de rien, semblant simplement apprécier l'air pourtant malsain, glacial et chargé d'humidité. Il essuya d'ailleurs négligemment, une goutte d'eau se perdant sur la manche de son smoking impeccable.

"Je regrette d'ailleurs que vous ayez abandonné votre chaîne de casinos. Des établissements de jeu sorciers haut de gamme, je n'attendais que ça. J'aurai été l'un de vos plus précieux clients. Dommage que votre père ait tenté de dissimuler l'argent qu'il m'a volé dedans…  Enfin, ce n'est que partie remise vous connaissant… Entre flambeurs, on peut bien se le dire. Vous êtes en quête d'adrénaline, comme moi... Je vais vous complimenter, tiens, je me sens proche de vous !" finit par déclarer le gaillard, un fin sourire mielleux aux lèvres, qui pouvait bien passer pour sincère venant d'un autre. Oh il savait pertinemment que Fox ne serait pas dupe, c'était bien cela qui était drôle. S'il y en avait bien un qu'il ne pourrait pas tromper par ses boniments calculés, c'était l'Américain. Et il était vraiment curieux de voir comment l'impulsif renard allait réagir… Après tout, le match était de deux à un en faveur de l'Américain, il était temps que Drake remonte au score.
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MessageSujet: Re: Rencontre désagréable...   Rencontre désagréable... Icon_minitimeLun 9 Oct 2017 - 20:42

Si Drake voulait s'amuser à ses dépends, il allait être déçu. Fox n'était pas idiot et en plus, le Canadien ne prit même pas la peine de cacher ses intentions. Au contraire même, il fut très clair sur ce qu'il avait en tête… Mais on n'en était pas encore tout à fait là.

Dès le départ, Fox avait fait une erreur. Il n'aurait pas dû s'éloigner de Manning, son gardien. Il avait voulu être seul parce qu'il ne supportait plus ce qui l'entourait, il avait eu un besoin urgent d'air mais il s'était découvert. D'abord, cela avait permis à son père de le rejoindre alors que s'il avait averti Bobby, le mercenaire aurait pu faire barrage, cela n'aurait pas été la première fois depuis que cette histoire de mariage était sur le tapis. L'Australien tempérait les choses et avait empêché quelques altercations entre père et fils de sortir des clous. Et pire, par son inconséquence, Dray s'était exposé à un ennemi bien plus dangereux. Un ennemi qui visiblement connaissait parfaitement à qui il avait affaire et voulait s'en amuser…

Fox s'en voulut de se sentir aussi faible face à cet homme. Dès qu'il avait croisé son regard, il avait vu que Drake avait repéré son manège, qu'il n'avait pas été assez vite pour cacher ses réels sentiments. Pendant un instant, le regard vide de ce type s'était allumé et le New-yorkais eut la très désagréable sensation qu'il était devenu un lapin devant un aigle. Ce mec lui foutait littéralement les jetons ! Et ça l'Américain n'avait pas l'habitude… Et il ne savait pas ce qu'il pouvait faire pour surmonter ça, à part son numéro de bravache habituel.

Et la façon de s'introduire de Drake l'encouragea en ce sens parce que son ton moqueur lui donnait des envies de meurtre, là, tout de suite. Déjà qu'il n'acceptait pas être le dindon de la farce quand ça venait de ses proches, surtout à ce sujet, il ne pouvait absolument pas le tolérer venant d'un connard tel que lui. S'il allait le mordre, le renard, que ce pourri se méfie que ce ne soit pas directement à la gorge, parce que ce n'était pas l'envie qui lui manquait. Et il n'en avait rien à foutre de son opinion, on s'en doute…

"Vous savez ce que vous pouvez en foutre de vos félicitations ?" siffla donc Fox, sa fureur relancée par le fait que Drake se fiche ouvertement de sa pomme. Déjà, il ne voulait pas en entendre parler de cette saloperie de mariage, alors comme ça… Il était d'accord avec lui, toutefois, quant à la gratitude de son père (et il allait lui rendre un chien de sa chienne…). Mais qu'un type pareil rit de sa situation, ça le foutait particulièrement de travers. Excepté que s'énerver n'allait donner que des arguments à ce tordu… Comme le fait qu'en effet, point de vue courtoisie, avec ça, il n'était pas au niveau… Il fallait qu'il retrouve un peu de calme sinon il allait forcément perdre. Il n'allait pas lui donner ce plaisir.

Dray aurait été encore plus mal de savoir que Drake le perçait complètement à jour. Était-il vraiment aussi prévisible ? C'était l'horrible sensation qu'il eut quand il entendit son adversaire lui répondre. Sa petite remarque… Le Canadien lui faisait froid dans le dos en plus de l'énerver encore plus. Ce n'était pas ou, c'était et ! Il lui disait clairement qu'il voulait qu'il lui serve de passe-temps ? De lapin et d'aigle on passa à souris et chat. Il était évident que ce n'était pas par sa simple conversation et son humour qu'il voulait être diverti, connaissant ce taré. Le jeune homme déglutit et jeta un coup d'œil aux portes derrière Drake. Aucune chance qu'il les atteigne sans que cela soit traduit comme une fuite évidente. Bobby ne savait pas où il était… Le seul qui le savait c'était son père et Fox se surprit à regretter de ne pas le voir le rejoindre à nouveau. Cela lui aurait au moins donné une excuse valable. Après… Qu'est-ce que ça lui couterait de s'enfuir ? Sa fierté… Et puis, sérieusement, il était ridicule… Drake ne disait rien d'extraordinaire non plus même si le jeune homme savait qu'il avait en face de lui un vrai cinglé imprévisible et aux idées particulièrement tordues… Rien qui ne justifie une réaction aussi primitive. Il fallait vraiment qu'il se reprenne. Le problème était que Dray sentait que là, il n'en était pas capable… Des souvenirs plus désagréables les uns que les autres, tous en relation avec les évènements d'Hyde Park lui revenaient, c'était plus fort que lui. Comme la peur qu'il ressentait, viscérale. Il était impuissant face à tout cela et il détestait ça. Et pour espérer surmonter ce blocage, il fallait sans doute affronter la cause et donc, d'abord lui répondre.

"Je n'ai pas d'importance mais assez pour que vous espériez que je vous tire de votre ennui. Vu ce que je sais de vous, moi, j'appelle ça avoir au contraire beaucoup d'importance… Il est de notoriété presque publique que peu de choses attirent votre attention alors que vous veniez à ma rencontre pour cela, c'est que vous me portez beaucoup plus de crédit que vous ne le dites. Je trouverai cela flatteur venant de quelqu'un d'autre. De votre part, je trouve ça juste flippant et émétique. Mais tout est une question de point de vue… "

Drake n'était pas le seul à avoir mené sa petite enquête. Quand Fox avait su l'identité publique de son ennemi à ce jour le plus dangereux, il avait voulu savoir tout de Stephen Drake. Un homme prévenu en valait deux disait le proverbe. Et comme d'habitude, Maria avait fait un excellent travail.

Quant au reste de son laïus… Sincèrement, au-delà du coté particulièrement exaspérant, Dray ne sut pas quoi en penser. Et il ne fit aucun effort pour le cacher même s'il ne put s'empêcher d'y mettre son grain de sel.

"Les moldus, étroits d'esprits et présomptueux… C'est la justice qui se fout des aurors… Et les Sang-pur qui se croient plus émérites et plus puissants que n'importe qui et les autres, c'est juste de la merde, c'est quoi ? Oh je sais ce que vous allez me répondre, ne vous fatiguez pas. La vérité est quelque chose de très surfait."

Quand Drake approcha, Fox ne put s'empêcher de faire quelques pas de côté pour dire de laisser une distance de sécurité suffisante. Au moins deux bons mètres… Il ne pouvait pas accepter que ce connard l'approche. Et à vrai dire, il voyait là, l'occasion de s'approcher des portes. Tant pis pour sa fierté… Rien ne pouvait justifier qu'il poursuive cette conversation. La douleur qui le tiraillait invariablement le flanc lui rappelait de façon très abrupte de ce que ce type lui avait couté. Et au-delà de la situation même, il y avait dans cette conversation quelque chose qu'il voulait éviter à tout prix. Si Drake pensait qu'il ne le voyait pas venir…

"Ne cherchez pas à entrer dans ma tête. Deux êtres humains aussi opposés soient-ils se trouveront toujours deux, trois points communs en cherchant bien. Tenez, je vous en donne un autre. On s'exècre mutuellement. Et encore un, on a eu un père fantastique qui a fait de nous ce qu'on est devenu. Le vôtre était à ce titre quand même plus nase que le mien quand on voit le résultat. Ou alors vous présentiez une tare naturelle qu'il n'a fait qu'amplifier. Enfin bref, ce n'est pas la question, vous auriez raison. Vous avez fait arrêter le vôtre, je ferai arrêter le mien… On pourrait continuer comme ça toute la soirée. Oh et vous ne pourrez rien faire de cette information contre moi, il est déjà au courant…"

Bon ça, ce n'était pas tout à fait vrai. La vérité, c'était que Dray n'était pas assez con pour sous-estimer son père et supposait que Simon se doutait depuis le temps des manigances et de l'accord de son fils avec le procureur qui voulait sa tête. Mais c'était une nuance que Drake n'était pas obligé de percevoir… Et le fait de mettre le père de son visiteur dans la balance, vu ce qu'il en savait, valait bien ce petit risque. Même s'il était dingue de le provoquer… Ouais mais s'il ne le cherchait pas, s'il ne tentait pas de passer outre sa peur et la laisser l'étouffer, alors il perdait forcément. Et il n'avait que ça comme arme, la provocation alors il faisait avec ce qu'il avait…

"Sur ce, excusez-moi, mais il parait qu'on m'attend à la table de craps. Et vous comprendrez que je ne tienne pas plus que ça à essayer de comprendre vos contradictions et ce qui vous passe par la tête. "

C'était un sociopathe complètement siphonné, c'est tout ce que Dray avait besoin de savoir et savait déjà. Donc, le jeune homme éteignit sa cigarette sur un cendrier posé sur une table de la terrasse dans l'intention évidente de rentrer. Il préférait encore se taper sa fiancée, son beau-père et son paternel plutôt que supporter la discours et la présence-même de Drake… Pour dire…
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MessageSujet: Re: Rencontre désagréable...   Rencontre désagréable... Icon_minitimeDim 5 Nov 2017 - 22:01

C'était Fox qui se trompait. Quoi qu'il se passe, Drake serait gagnant en l'occurrence. Il suffisait de voir comment l'Américain réagit en l'entendant… Ce dernier était trop entier pour ne pas lui offrir d'autres réactions aussi intéressantes. Fox devait comprendre que le Canadien n'attendait rien en particulier et par conséquent, obtiendrait forcément ce qu'il voulait.

Drake reconnut que voir le New-yorkais manquer à ce point de prudence n'était pas quelque chose qu'il avait prévu. Bon, il était vrai que Fox, de son côté, ne devait pas s'être attendu à le croiser en territoire moldu vu l'homme pour qui il travaillait. Mais tout de même, depuis les évènements d'Hyde Park, le PDG du Groupe Fox était intouchable, son service de sécurité était efficace, Stephen avait étudié la question. Et voilà que l'Américain commettait une bévue pareille ? Fox sous-estimait à nouveau la situation. Il fallait peut-être la lui rappeler…

Et pour ce faire, il fallait entamer la conversation. Et si le Canadien supposait que l'Américain était un peu sur les nerfs, il en eut une confirmation on ne peut plus claire puisque ce dernier l'envoya proprement balader. Cela parvient à tirer un ricanement à Stephen.

"Quel répondant ! Vous devez faire un amant remarquable. Dommage que ce soit exactement ce que j'attendais. Je suis sûr que vous pouvez faire mieux."

Ce genre de remarques n'allait certainement pas calmer son vis-à-vis, mais c'était bien ce que Drake ne voulait pas donc c'était adéquat. Le connard pourri ne voyait absolument pas d'inconvénient à ce que ça tourne au pugilat. Ce qu'il venait de répondre le prouvait bien. Mais Fox visait bien haut s'il pensait qu'il réussirait à l'atteindre à la gorge… A peine le mollet, soyons sérieux…

“Mais pour répondre à votre question, j’en ai une petite idée. Le problème est que je ne suis pas adepte de cette pratique. Je préfère nettement en user sur les autres que sur moi-même.” conclut finalement notre étrange expatrié, totalement indifférent, en prenant une cigarette d’un étui hors de prix.

“Permettez que je vous accompagne.” se permit-il même d’ajouter comme s’il n’avait pas du tout dit quelque chose d’aberrant.  

Quand on avait le caractère de Stephen Drake, peu de choses vous limitaient. Et ce genre de réparties, inattendues et dissonantes à plus d’un titre, avaient l’avantage de déstabiliser la plupart des gens, qui, eux avaient une morale qui leur soufflait de rester dans les clous. Et notre homme appréciait leurs réactions face à ses provocations.

Voir Fox essayer de rattraper ses envolées impétueuses après sa tentative d’opposition était aussi récréatif que de le voir s’énerver de ses taquineries. Quand même, Drake n’avait pas imaginé que l’Américain était aussi soupe au lait. Mais après tout, cela allait avec son caractère combatif, sans doute. Mais que Fox se rassure, il était peut-être trop expressif pour son propre bien, Stephen devinait donc l’enchaînement de ses émotions, et donc les réponses adéquates pour le faire réagir mais l’homme, et c’était le plus important et ce qui le rendait intéressant à ses yeux, n’était pas prévisible sur ses actes, sinon il n’aurait pas réussi à le surprendre par deux fois.

Par contre, Fox faisait une erreur en donnant à sa venue plus de corps qu’elle n’en avait, quoi que Drake fut flatté de la peur qu’il lui inspirait, son coup d’oeil vers la porte-fenêtre ne lui ayant pas échappé. Il appréciait particulièrement cet instant où l’animal farouche et apeuré tentait de trouver un moyen de fuite. Concernant Dray Fox, cela lui rappelait de très bons souvenirs, à lui. Comme quoi, tout était relatif, pas à dire. Mais il arrivait à Stephen de baguenauder. Et sa venue sur cette terrasse n’était rien d’autre que cela, parole d’homme. Bon certes, c’était davantage pour le voir en position désagréable et mal à l’aise que pour son humour, ça, le Canadien le reconnaissait. Mais il n’attendait rien de plus. Il n’avait rien prévu d’autre que ce petit jeu de dialectique, leur rencontre étant fortuite. Pour une réelle partie de chasse, le chat préférait provoquer l’occasion et piéger la souris…

Un sourire intéressé passa sur les lèvres du Canadien quand l’Américain le contredit et montra encore une fois ses capacités en matière d’insolence. La réplique ne tarda pas à fuser, d’un ton tout à fait posé, et même satisfait.

“J’admets que mon attention est capricieuse et mon ennui encore plus. Et pour les satisfaire, je suis prêt à n’importe quoi, même des choses insignifiantes. Mais vu l’effet que je vous fais, c’est vous qui me flattez.”

Alors comme ça, Fox avait enquêté sur le compte de Stephen Drake ? L’homme savait parfaitement quelle valeur avait ce “presque publique” et son caractère n’était pas à ce point sujet à conversations de toute façon. Ce fait ne le surprenait pas. Le contraire aurait été décevant de sa part. Mais décidément, l’Américain avait un excellent service de renseignements… Il aurait été intéressant de s’y pencher...

Par contre, le sourire de Drake s’élargit nettement, ouvertement cynique en entendant son interlocuteur opposer son idéologie normalement divergente. Et il eut un grand plaisir à jeter le trouble, d’un ton aussi désabusé que suffisant.

“Oh mais détrompez-vous, je n’ai jamais dit que les Sang-pur ne l’étaient pas aussi. La nature humaine est ainsi faite. Même ceux qui se targuent de sainteté, comme vous par exemple, se verront confrontés à ces défauts. Il suffit de trouver le bon angle de vue. Ne le pensez-vous pas des mangemorts ? Ne vous croyez pas plus émérite qu’eux, vous, le défenseur de la cause moldue et ne présentez vous pas une exaspérante audace comme si rien ne pouvait vous abattre ? Ceci dit, je note que vous n’avez émis aucun argument contre les critères de faibles et inconsistants, doit-on en déduire que… “

Stephen laissa négligemment traîner sa voix, insinuant par là, une suite évidente. Vous aussi, vous le pensez ? Décidément, il avait bien fait de venir rejoindre son adversaire. La table de roulette ne l’aurait pas autant amusé ! Et alors qu’il continuait à le piquer, le sourire de Drake ne se fana pas quand Fox s’éloigna de lui aussitôt qu’il tenta une approche. L’Américain le craignait vraiment et c’était très satisfaisant.

Mais tout d’un coup, la suffisance de Drake s’évanouit avec son sourire. A la place, en un revirement d’un instant, une froide dangerosité apparut à la place. Cette fois, Fox l’avait eu. En un mot.

“Justement, je ne vous excuse pas. Vous allez rester ici parce que nous n’avons pas fini notre passionnante conversation.”

La porte-fenêtre se verrouilla devant l’Américain, le Canadien, sa baguette sortie d’on ne savait où fermement dans la main. En effet, Fox avait fait une grave erreur en choisissant cette voie et en lui tournant impudemment le dos. Le jeune homme fut retourné et cruellement plaqué contre la porte, au point que quelques vitres se brisèrent.

“Je ne présente aucune tare, Monsieur Fox ! Et mon père est mort dans l’incendie du domaine familial à Toronto.” dit-il d’abord d’une voix soudain sourde et bien trop basse pour la sécurité du PDG qui se retrouva immobilisé et privé de parole.

“Et je me fiche de vos histoires de famille comme d’une guigne.” ajouta-il avec mépris en se rapprochant de sa proie.

“Par contre, je constate que malgré une certaine assurance lors de nos rencontres et votre service de renseignements très efficace, vous ne savez toujours pas qui je suis. Je vais devoir y palier une fois pour toutes.”

Arrivé à hauteur du trentenaire, si proche que les vestes de leurs smokings se touchaient, il n’était plus resté à Drake qu’à lui murmurer implacablement sa propre façon de penser.

“Vous avez fait une grave erreur en vous éloignant de votre chien de garde ! Stupide petit garçon présomptueux ! Je peux vous tuer immédiatement si ça me chante. Mais j’ai un projet beaucoup plus divertissant. Je m’occuperai personnellement de vos proches en prenant grand soin à ce que vous ayez votre rôle à jouer. Et j’admirerai votre auto-destruction. Vous allez alors me rappeler que nous avons un accord. Permettez-moi de clarifier ce qui vous a échappé. Priez, Monsieur Fox. Priez pour que la guerre soit sans fin ou simplement que mon employeur m’apporte toujours autant de satisfaction car l’un ou l’autre entraînera de facto la fin de ce contrat. Et d’abord se finira ce qui a été commencé. Et soyez certain que je ne ferai pas la même erreur. Votre sacrifice ne sera pas une option.”

Voilà qui devait sans doute être plus clair, n’est ce pas ? Et ce ne fut pas Fox qui quitta les lieux mais bien Drake. Il dégagea le passage en envoyant son adversaire traverser la terrasse d’un mouvement altier du bras et retourna dans le casino d’un pas moins tranquille qu’à son arrivée, son pas brisant un peu plus le verre. Ce petit con avait le don de l’agacer… Ce qui n’était pas une mauvaise chose. Au moins il ne s’ennuyait plus.
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MessageSujet: Re: Rencontre désagréable...   Rencontre désagréable... Icon_minitimeDim 19 Nov 2017 - 21:23

En effet, là était l’un de ses principaux problèmes justement, Dray ne comprenait pas Drake. Ce type lui était complètement insoluble. Et vu le contentieux qu’il y avait entre eux, il ne cherchait pas à trouver la moindre explication…Là où par contre, l’Américain était d’accord avec le Canadien, c’était à propos de son propre caractère. Dray était trop entier, on était bien d’accord. Qu’importe le trait de caractère en jeu, il se donnait entièrement et sans détour. Son impulsivité, sa colère, son intégrité, son côté secret, son amour, son entêtement, son anxiété… Rien n’était dans la demi-mesure avec lui. Pour ça qu’il était bordeline et drogué abstinent... Et encore, il avait fait des progrès au fil des ans. Mais le jeune homme était parfaitement conscient que c’était un de ses points faibles et que cela lui causait plus d’un ennui, pas besoin de ce cinglé pour ça….

La preuve en était, il s’était volontairement séparé de son garde du corps. Sur ce coup-là, il avait vraiment déconné. Oh il n’avait pas sous-estimé la situation, c’était pire, il l’avait complètement éclipsée, à cause des dernières semaines. Le surmenage et la colère lui faisaient perdre de vue toute prudence et il négligeait souvent ses besoins de base, du sommeil jusqu’à sa sécurité. Faisait-il trop confiance à ce contrat pour lequel il s’était battu afin de sécuriser les siens ? Il n’y pensait à vrai dire même plus vraiment, en tout cas en ce qui le concernait. Il avait juste eu besoin d’air, c’était bête. Il avait réellement été stupide...

La répartie de Drake à leur prise de contact laissa Fox muet, ce qui était plutôt rare. Il ne s’était pas du tout attendu à une telle provocation de la part de cet homme-là, son temps d’arrêt net le montrait bien. Le New-yorkais finit toutefois par ouvertement grimacer de dégoût alors qu’il reportait sa cigarette à ses lèvres. L’insinuation de son adversaire avait fait son effet, et il avait bien besoin de de nicotine pour tenter de se débarrasser du sentiment d’écœurement qu’elle avait fait naître. Voilà bien le problème quand on avait de l’imagination… Penser que ce connard taré s’intéresse ne serait-ce que de loin à sa vie sexuelle et lui expose la sienne si cela ne suffisait pas, lui faisait un sale effet et pour le coup, au lieu de faire mieux comme il lui avait été demandé, Fox ne fit rien du tout. Le trentenaire n’avait absolument pas envie de répliquer quoi que ce soit. La sensation de danger flottait trop dans l’air et la direction choisie par le Canadien ne l’enchantait pas du tout, c’était évident. Cet homme avait le don de l’attendre au tournant et de faire mouche. Depuis qu’ils avaient été directement face à face pour la première fois, Dray perdait ses moyens face à lui, c’était effrayant. Cette rencontre avait marqué son esprit au fer... Stephen Drake était à ses yeux effrayant à plus d’un titre…

Et là, ce fut Fox qui détrompa Drake. La remarque avait fait son effet et, contrairement aux suppositions de ce dernier, calma l’Américain, comme les douches froides qu’il recevait enfant. Il se rendit compte qu’il devait au contraire ne pas laisser ses élans naturels l’emportaient face à cet homme-là, parce qu’il ne gagnerait rien, bien au contraire. Le Canadien n’avait pas du tout un caractère à réagir à ses colères. Au contraire, ces remarques déplacées montraient bien que cet homme étrange ne demandait que ça et trouvait ça désopilant. Le New-yorker pouvait en effet bien lui offrir des balles supplémentaires, dans son emportement, il en avait douloureusement conscience.  

Alors Dray se força à appliquer les conseils de Vaughn en matière de jeu de scène pour cadenasser, si ce n’était ses émotions, au moins leurs expressions… Ça aussi, le jeune homme savait qu’il était trop expressif quand il ne faisait pas attention. Vaughn avait rapidement mis le doigt sur ce problème quand le New-yorkais s’était mis en tête de vouloir apprendre de lui l’art de jouer en scène, après l’avoir vu sur les planches la première fois.

Il lui fallait ravaler tout ce que cet homme lui inspirait, en premier lieu son dégoût et sa peur.

“Que je ne permette pas changera-t-il quelque chose ?” remarqua froidement le New-yorkais qui ne s’autorisa donc plus que le sarcasme et bien sûr ne releva pas l’énormité de son interlocuteur. Non parce que sérieux, la surprise passée et ses émotions contrôlées, vu leur capacité de répartie à tous les deux, ils allaient partir dans des trucs… Fox était décidé à s’épargner ce supplice. Il ne dormait déjà plus qu’une vingtaine d’heures par semaine, parce qu’il avait trop de choses à faire et à penser, et pas bien, ses cauchemars ne l’épargnaient plus depuis l’annonce du mariage, alors on n’allait pas aggraver la tendance en les alimentant.

Malgré ses bonnes résolutions de ne plus filtrer ce qu’il ressentait, Dray n’avait pas pû s’empêcher de chercher une seconde du regard la porte fenêtre, son seul sésame pour échapper tant à l’homme qu’à la conversation en elle-même. Pour être honnête, il se fichait bien de connaître les réelles raisons de la venue à lui de Drake. Il aurait préféré que l’idée ne lui vienne pas, tant qu’à faire. Et entre nous, la parole du Canadien ne valait pas grand-chose aux yeux de l’Américain.

En tout cas, le ténébreux pouvait être pleinement satisfait, son interlocuteur était très mal à l’aise, pour ça, il avait parfaitement atteint son but. Et Fox savait que malgré ses piètres tentatives, il était incapable de le lui dissimuler, parce que Stephen Drake avait malheureusement trop d’emprise sur lui. La marque au fer blanc avait laissé autant de peur que de douleur, physique et psychologique. Et Dray, comme à son habitude, n’avait rien fait pour se soigner. Savait-il seulement qu’il avait un problème ? Oui. Leur deuxième rencontre avait sonné l’alarme. Dray était un terrible anxieux. Il était sujet aux cauchemars et il avait trouvé un refuge dans la drogue à cause de ça. Mais paradoxalement, il était très peu sujet aux crises d’angoisse. Or, c’était exactement ce que le New-yorkais avait fait ce jour-là et il avait fallu l’intervention de son père pour le remettre sur les rails (à sa façon soit, mais n’empêche qu’il avait réussi à le calmer très rapidement et fort heureusement, vu leur position.) Et Dray, parmi ses quelques qualités, était lucide. Il savait mettre en relation les faits. Mais face au problème qu’il avait identifié, le jeune homme n’avait fait qu’une chose. Comme à son habitude, il avait compartimenté et enterré très profondément le dit problème et n’avait absolument pas demandé d’aide. Il n’avait même dit à personne ce qui s’était passé. Son père avait oublié. Et Bobby, témoin de l’incident, ne lui en avait pas parlé.  

Sauf que voilà, s’il avait été moins surpris par cette troisième rencontre, les symptômes n’en étaient pas moins là, même si leur violence était moindre. D’abord, Dray avait mal, à l’endroit même où il avait été blessé à Hyde Park. La douleur était psychosomatique, mais quelle différence ? Elle n’était pas aussi fulgurante que la première fois, mais elle n’en était pas moins bien appuyée. Et puis, il sentait la raideur peu à peu s’installer dans ses muscles. Il se crispait malgré lui, trop, beaucoup trop. Et il se savait capable de se tétaniser réellement. C’était d’ailleurs ce qui se passait quand il était complètement épuisé. Il était sûr qu’il en aurait des courbatures le lendemain et surtout, dans l’immédiat, ses réflexes et sa vitesse d’action en pâtissaient, c’était évident. Et face à Stephen Drake, ça, c’était très mauvais. Alors Dray tentait de se détendre, sa manière de chercher le relâchement dans ses épaules ou son poing qu’il ouvrait régulièrement pour tendre la main au maximum étaient les témoins silencieux de son malaise. Enfin, et cela ne calmait pas son angoisse, il sentait que sa respiration s’opressait et qu’il perdrait le contrôle, s’il se laissait aller à la peur sourde qui tentait de s’imposer de plus en plus, les minutes passant, et qui lui tordait les entrailles depuis qu’il avait vu l’homme derrière lui...

La souris était bel et bien prise sous la patte du chat. Pour le moment, Fox gérait son malaise. Il était un grand garçon qui ne se laissait démonter que par peu de choses, par les couilles de Merlin ! Et Stephen Drake n’était qu’un mortel qui pissait et déféquait comme tout le monde ! Alors on arrête les chouineries et on garde la tête haute, c’était le minimum ! Et on essaie rapidement de sortir de là...

Sauf que voilà, Drake n’était pas n’importe qui et il devait être aussi observateur que lui l’était. Fox le comprit quand son interlocuteur lui retourna la “flatterie”. L’homme voyait parfaitement, malgré ses efforts pour le dissimuler et le renard était doué, qu’il avait peur. Le jeu était faussé quoi que tente l’Américain… Et là encore, aucune répartie ne vint contredire le personnage. Fox ne sut tout bonnement pas quoi dire pour le contrer. Et puis, il ne chercha rien ! Il avait aussi saisi que plus il alimenterait la conversation et plus elle durerait, vu l’animal… Pour échapper à certains prédateurs, il était bon de savoir faire le mort...

Que Drake ne se penche pas trop en direction de Maria par contre ! Elle aussi était une des proches qui étaient protégés par leur accord de non agression. Il n’y avait donc rien à chercher.

Et alors qu’un débat semblait s’engager entre les deux hommes, Fox ne s’attendit pas à entendre de la bouche de son adversaire un tel discours et encore moins à recevoir une leçon de philosophie ni plus, ni moins. Décidément, Drake était surprenant. Déjà, il avait raison dans l’ensemble (mais qu’est-ce qu’ils avaient tous à dire qu’il se prenait pour un saint ? Fox était pourtant le premier à penser et dire qu’il ne valait pas grand chose), Dray dut encaisser ce constat. Et ensuite, n’insinuait-il pas qu’en réalité, il ne partageait aucunement l’idéologie de ses collègues et employeur ? Oh, pas parce qu’il partageait les siennes, mais bien parce que cet homme ne semblait avoir en fait aucune échelle de valeurs et aucune conviction quelles qu’elles fussent. Il était en fait complètement détaché de ce qui l’entourait… Ce qui voulait aussi dire qu’il faisait ce qu’il faisait, (et Merlin ! Dray savait de quoi il était capable !), pour ses simples intérêts ou pire, et c’était bien ce qui causait autant de troubles chez Fox, pour... rien . Et cette idée n’arrangeait pas les problèmes du jeune homme… C’était complètement ahurissant !  Et monstrueux...

“Tsss, je ne faisais référence qu’aux arguments dignes d’intérêt.” répondit aussi traînant et même méprisant, l’Américain, expirant négligemment la fumée de sa cigarette, les yeux sur le ciel, comme si, finalement Drake venait de dire quelque chose de très ennuyant au bout du compte. Mais tout de même, il lui faisait froid dans le dos…

Mais tout d’un coup, Fox vit dans cette conversation invraisemblable, le moyen de tacler à son tour le financier, juste lui montrer qu’il n’était pas le seul capable de jouer à ce petit jeu, et que si Drake pensait le connaître et être capable de l’analyser, l’inverse était aussi possible. Mais Dray s’aperçut immédiatement qu’il aurait dû fermer pour de bon sa grande gueule au lieu de tenter de faire le malin une dernière fois…

A peine la main sur la clenche qu’il vit du coin de l’oeil le sortilège silencieux frapper la chambranle de la porte et la verrouiller, la voix de Drake, glaciale et fieilleuse, claquant dans son dos. Mais il n’eut pas le temps de réfléchir à cette nouvelle donnée. Le choc contre la porte-fenêtre fut violent et particulièrement douloureux. Un grognement de souffrance serait bien passé entre les dents serrées de l’Américain, si un stupéfix ne le figeait pas. Ça, Fox ne l’avait pas vu venir et il tenait une information qu’il n’avait pas. En duel, il ne faisait clairement pas le poids contre cet homme-là. Sa rapidité d’exécution était remarquable alors qu’aucune formule n’avait franchi ses lèvres. Le New-yorkais ne savait même pas comment le Canadien avait dégaîné aussi rapidement. Décidément il accumulait les conneries, ce soir. Provoquer et tourner le dos à ce cinglé, quel abruti ! Et là, il était complètement à sa merci. Drake pouvait faire n’importe quoi de lui, il était incapable de se défendre ou d’être défendu. Le tuer ne poserait aucun problème à l’homme. Le barrage que Dray s’imposait depuis l’entrée de Drake céda et sa peur se fit galopante. Et là le Canadien était beaucoup trop près !

Mais quand le financier lui asséna sa vérité, Fox comprit que sa mauvaise posture n’était pas le pire… Chaque mot murmuré s’incrusta en lui et lui tira des frissons de répulsion. D’abord, il se rendit compte qu’il avait fait mouche avec cette histoire de tare et en mettant le père de son ennemi sur le tapis. Apparemment, pour certains sujets, l’Américain n’était pas le seul à être soupe au lait… Mais Dray comprit pleinement la gravité de sa faute en entendant la suite, le plus important. Il écarquilla les yeux, horrifié et il se rendit compte qu’il s’était fourvoyé en pensant les siens en sécurité. Drake n’avait aucun maître et se fichait de la politique et de la guerre. Ce n’était qu’un moyen de nourrir la bête qu’était sa folie. Lui, avec cet accord, n’avait que retardé l’échéance. Que Voldemort gagne ou perde et il perdait son moyen de pression. Rien ne retiendrait plus ce cinglé à reprendre là où ils s’étaient arrêtés. Pire, il suffirait que la bête se lasse, simplement, et la loyauté de l’homme ne serait plus qu’un souvenir... Lui qui pensait être parvenu à une défense en béton, cet accord ne tenait à rien en réalité. Et Vaughn et Dorian seraient les premiers à payer pour son orgueil. Et après ce serait les autres. Et à chaque fois, Drake ferait en sorte que ce soit de sa faute. En tentant de réparer les torts de son père et en résistant comme il l’avait fait, Fox les avait condamnés.

Mais l’Américain ne put analyser plus longtemps ce que son adversaire avait déclaré. Drake l’envoya purement valdinguer dans le décor d’un geste. Dray percuta lourdement une table et des chaises d’extérieur avant de s’écraser sur le sol, à plusieurs mètres de la porte. Putain, cet enfoiré n’y avait pas été de main morte ! Sonné, il entendit dans le brouillard, un bruit assourdi, son adversaire sortir. A nouveau libre de ses mouvements, haletant, Dray tenta de se redresser pour se relever en déglutissant mais il échoua. Il tremblait trop et son corps crispé refusait d’obéir normalement. Mais sa condition n’était pas ce qui occupait son esprit. Qu’est-ce qu’il avait fait, bon dieu ?!

Dans le casino, un sorcier s’inquiétait depuis plusieurs minutes. Bobby enrageait même ! Son patron allait le rendre dingue ! Il lui avait suffi de quoi ? Dix secondes ? Le temps qu’il communique ses instructions à ses hommes à l’extérieur et son employeur s’était fait la belle ! Protéger Dray Fox était une attention de tous les instants, parce qu’il était incapable d’obéir et de rester en place ! Et le chercher dans l’établissement prendrait trop de temps. Et si cela ne suffisait pas, Fox senior avait disparu aussi… A coup sûr, ils étaient ensemble… Mais alors que Manning réfléchissait à ses options, en prenant en compte qu’ils étaient au milieu des moldus, quelque chose le fit frémir d’angoisse. Son alerte mentale s’était enclenchée. Dray était en danger… Tant pis pour les moldus. Bobby s’apprêta à trouver un coin relativement désert pour lancer un sortilège de localisation, c’est à dire les toilettes, quand à la porte, il tomba sur Simon qui en sortait. Il ne s’encombra pas de délicatesse, il arrêta vertement le sexagénaire, une main fermement sur son torse.

“Dray est en danger ! Où est-il ?”

Simon allait remettre l’Australien à sa place, mais sa question le coupa tout net dans son élan. Il se raidit immédiatement, une inquiétude bien trop vive à son goût aux tripes. La voix tranchante de son vis-à-vis était suffisamment saisissante pour qu’il réagisse sérieusement.

“Venez !”  dit-il simplement au garde du corps de son fils en sortant sa propre baguette. Il ne fallut qu’un court moment pour qu’ils soient sur place et trouvent le jeune homme encore à terre au milieu des restes du mobilier renversé, à essayer une deuxième fois de se relever. La porte-fenêtre aux carreaux brisés, les morceaux de verre éparpillés à l’entrée étaient des faisceaux supplémentaires de preuve de l’agression.

“Dray !”

Etonnamment, l’exclamation venait de Simon. Immédiatement, les deux hommes furent aux côtés du trentenaire. Bobby tenta de l’aider à se relever, mais il comprit rapidement le problème. Dray hyperventilait et tremblait comme jamais, le corps bien trop contracturé. S’il avait réussi à éloigner la crise d’angoisse durant l’entretien avec Drake, il se la prenait maintenant de plein fouet. Bobby plaça une main dans le dos de son protégé et une autre autour de ses épaules pour le redresser. Il se rendit compte que pour le moment, le jeune homme tenait du poids mort. Mais une sensation chaude et poisseuse le dérangea aussi, alors même que Fox tressaillit. Manning enleva sa main et ne put que constater le sang et l’accroc sur le tissu. Mais la blessure n’était pas grave. Il décala juste sa main, la laissant parcourir le dos du New-yorkais, et le prit plus fermement contre lui pour tenter de le calmer.

“Ca va aller, Dray, vous êtes en sécurité, maintenant. Respirez lentement, essayez de vous caler sur moi.”

Qu’est-ce qui avait bien pu se passer ? Fox était une tête brûlée, il lui en fallait beaucoup pour paniquer, alors qu’est-ce qui avait bien pu le mettre dans cet état ? Et le garde du corps n’était pas le seul à se poser la question. Simon aussi s’agenouilla auprès de son fils quand il vit le sang sur la main de Manning. Il avait laissé Dray furieux, à balancer des coups de pied dans le parapet à peine dix minutes avant, il le retrouvait en pleine crise d’angoisse, blessé, à côté d’une table et de chaises renversées, incapable de se relever. Alors il posa légitimement la question en posant une main sur la jambe de son fils.

“Qu’est-ce qui s’est passé ? “

Dray tressaillit à nouveau au contact mais pas à cause de la douleur, même s’il était bon pour plusieurs bleus. Il ne supporta pas ce contact avec son père et replia compulsivement pour y échapper, avec un hoquet. La réponse resterait sous silence. Manning y veilla. Il remarqua la fuite de son protégé. Et le garde du corps de Simon entra lui aussi dans la place.

“Ce n’est pas le moment. John, réparez les dégâts et ramenez Fox Senior auprès de ses invités. On arrête le show, je ramène votre fils chez lui.”  répliqua sèchement le chef d’équipe au sexagénaire qui ne trouva rien à redire pour le coup.

Il lui semblait qu’éloigner Simon était essentiel pour qu’il réussisse à calmer Dray. Et pour cause ! Ils n’en seraient pas là si son père n’avait pas déconné ! Et cette réalité, où s’ajoutait le mariage, la colère qui en découlait, à l’instant, ne faisaient qu’amplifier l’anxiété du New-yorkais, on s’en doute.

Peu à peu, se sentant sécurisé contre Bobby, ses bras refermés sur lui, Dray reprit le contrôle. Il avait fallu quelques minutes et de la patience de la part du mercenaire qui dût chercher les bons mots. Ce dernier finit par savoir le fin mot de l’histoire, plus tard, quand, au QG des mercenaires (pas question de se faire surprendre dans cet état au Refuge ou à Poudlard), le médicomage de l’équipe soigna la coupure, petite heureusement, et les contusions de leur employeur.

“Il n’y aura qu’un moyen d’en finir.”  remarqua prosaïquement Manning en servant un verre de whisky bien tassé à Fox qui continuait à montrer des mouvements compulsifs et répétés de sa jambe ou de ses doigts, laissant la bouteille sur la table, quand il eut fini ses explications et le toubib, ses soins.

“Je sais… Et ça me donne envie de vomir. En attendant, je veux qu’on triple leur protection.”

“Pas de problème, tant que vous payez. Toujours sans qu’ils s’en rendent compte, ça, c’est autre chose.”

Dray haussa les épaules en buvant la moitié de son verre d’une traite.

“Ca aussi, je sais… Mais essayez.”

Manning se contenta d’acquiescer, rassurant avant de se montrer plus ferme. Et debout alors que Fox était assis au bord d’un fauteuil, l’effet était saisissant.

“J’espère en tout cas, que ça vous serve de leçon, sale gosse ! Ne vous éloignez plus ! On ne peut pas vous protéger si on ne sait pas où vous êtes fourré !”  

Dray but la deuxième moitié de son verre et se resservit aussi sec.

“Je ne suis pas prêt de l’oublier…”

En le voyant faire, Bobby s’adouçit. Pas à dire, le gamin avait une sale mine. Et l’alcool n’était pas le meilleur plan vu son état de fatigue.

“Allez, je vous ramène chez vous. Vous devez vous reposer.”

Dray lui lança un regard las et fataliste.

“Vous me ramenez à la Tour. Je dois encore travailler et je serai incapable de fermer l’oeil. Autant que ça serve.”

Manning soupira, agacé. Autant faire entendre raison à un mur…

“Très bien, c’est vous le patron… Mais vous avez intérêt à jouer du fond de teint parce que vous avez une tête horrible.”

“Je suis passé maître en la matière…” souligna, amer, le dit patron, en reposant son verre déjà vidé. Il se leva, grimaçant sous la douleur de ses courbatures et enfila une chemise propre, trop grande pour que ce soit l’une des siennes.

“Bobby… Merci… Pour m’avoir calmé tout à l’heure… Et pour la chemise.”  

Le mercenaire sourit, amusé qu’il souligne ce détail.

“Je vous en prie. Par contre, que je sache à quoi m’attendre à l’avenir, les crises d’angoisse, c’est régulier ?”  

Fox baissa le museau, honteux.

“Non. Visiblement, c’est réservé à Drake… Mais...”

La suite ne vint pas. Bobby pencha la tête, intrigué. Quelque chose tracassait le trentenaire mais comme d’habitude, il le retenait, c’était évident quand on le voyait se mordre les lèvres.

“Mais ?”

“Mais j’en sais rien... Peut-être que j’atteins simplement mes limites...“

Manning comprenait ce que voulait dire son protégé. Il traversait beaucoup d’orages, plus que son compte. Il se permit de le jauger en homme d’expérience.

“Hum… J’en doute. Depuis le temps que je suis votre ombre, je ne vous vois pas à bout de résistance. Je crois surtout que vous cachez depuis un bout de temps plusieurs fêlures et ce gars vous terrorise. A juste titre, il a failli vous faire tuer, et faire tuer votre frère et votre meilleur ami. Mais donc, j’ai l’impression qu’il cristallise ce que vous avez étouffé…”

Dray ne releva pas la tête à ses explications mais son regard se fit plus vague. Le mot était juste, il était terrorisé. Et le reste de l’analyse de son garde du corps était sans doute exact. Mais ce n’était pas le genre de Fox de s’arrêter là-dessus… On ne changeait pas comme ça sa manière de fonctionner. La question était comment se passerait leur prochaine rencontre… A cette idée, une bouffée d’angoisse le reprit immédiatement à la gorge.

“Qu’allez vous dire à votre père ?”

Manning coupa le fil des pensées de Dray et c’était heureux, quoi que le sujet ne l’était pas.

“Rien. Il n’a pas à savoir. Allons-y.”

Fox coupa court à la conversation en enfilant sa veste et en se dirigeant vers la sortie. Bobby comprit le message et lui emboita le pas. Mais ne rien expliquer à Simon allait faire des étincelles.

“Il était inquiet, vous savez, sur la terrasse, alors il ne va pas aimer être mis sur la touche.”  

Dray ricana méchamment.

“Alors ça, j’en ai rien à foutre. S’il n’avait pas tenté d’arnaquer Drake, rien ne serait arrivé et je ne me demanderais pas comment arrêter tout ça.”

Ils savaient tous les deux ce qui devait arriver pour que tout s’arrête, comme disait le New-yorkais. L’air de rien, Manning ramena ce sujet particulier sur le tapis alors qu’ils passaient la porte.

“On le fera pour vous, vous savez.”

Fox s’arrêta net et baissa la tête, incapable d’avaler sa salive et au contraire, nauséeux. Bobby éclata de rire et lui passa une main dans les cheveux.

“Quelle tête ! Allez, ne soyez pas si vertueux ! C’est nous qui aurions les mains sales.”

Dray se dégagea immédiatement de cette marque de tendresse et redressa la tête, piqué au vif. Les mots de Manning lui rappelaient bien trop ceux de Drake.

“J’ai engagé une protection, pas des tueurs à gages. Et je ne suis pas un saint !”  rétorqua-t-il aigrement. Bobby sourit malicieux.

“Erreur, vous avez engagé des mercenaires. Et j’ai dit vertueux, pas saint.”

Et décidé à plaisanter un peu (encore que…), l’Australien se rapprocha pour se pencher et lui susurra, chaleureux.

“On ne peut pas pervertir un saint et je n’ai pas abandonné l’idée de vous convaincre.”  

Fox sursauta, surpris de cette soudaine hardiesse. Il voulut se montrer sévère mais son sourire voilé le trahissait. La remarque l’amusait clairement. Après cette soirée catastrophique, il avait besoin de ça, de ce genre de bêtises, il devait le reconnaître.

“Bobby…”

Le mercenaire se défendit, un grand sourire espiègle sur les lèvres, mais il ne recula pas pour autant.

“Hé, il ne fallait pas rester aussi longtemps torse nu ! Je ne suis qu’un homme.”

Fox leva les yeux au ciel et tenta de franchir la porte, mais Manning ne l’entendit pas de cette oreille et lui barra habilement le passage, le coinçant contre la porte. Le sourire de Dray fut cette fois évident.

“Et si vous me laissiez passer ?”

“Et si je vous demandais de payer votre droit de passage ?”

“N’en demandez pas trop. Je vous paye assez cher. On peut rester toute la nuit ainsi l’un contre l’autre à cette porte, ça ne me dérange pas, j’ai, parait-il, une résistance physique hors norme.”

“Ne me tentez pas, je rêve de voir l’étendue de votre résistance, l’un contre l’autre, contre une porte...”  répliqua Bobby, avec un grand sourire équivoque plaqué sur les lèvres et un regard plus que provocateur, sans bouger d’un poil.

Cette fois, Dray éclata de rire.

“Jolie répartie !”  dit-il entre deux hoquets. Manning recula alors, un sourire entendu aux lèvres, cette fois. Bien. Il préférait nettement voir le regard pétillant de Fox et le voir relâché, rire comme ça. Surtout après les évènements de ce soir…Et cela faisait trop longtemps que cela n’était pas arrivé de toute façon. Bon, l’Australien n’avait pas menti, non plus, soit... Mais là n’était pas le propos. Il avait bien le droit de fantasmer sur son employeur, ça ne mangeait pas de pain.

Après que le New-yorkais eut calmé son fou rire, ils purent se mettre en route vers le Siège britannique de la Fox. Mais si la soirée avait fait son petit effet sur Drake, elle en avait fait un très sérieux à Dray….
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Dray Fox
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Compétence: Niveau 8
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MessageSujet: Re: Rencontre désagréable...   Rencontre désagréable... Icon_minitimeVen 30 Nov 2018 - 22:18

[Bon ben, recup ! XD]

Dans l’un des quartiers londoniens sorciers, ce vendredi 13  juillet 2018, alors que six heures de l’après-midi venaient de sonner, au coin d'une rue,  un homme d’une trentaine d’années, élégamment habillé, fumait nerveusement une cigarette. A sa droite, un autre, dans une tenue passe-partout, attendait patiemment qu’il eut fini. Pour combler le silence pesant qui régnait, il tenta pour la troisième fois de lancer une conversation. Sa voix trahissait un accent australien.

“Votre frère a quand même eu une drôle d’idée… Et le comble, c’est qu’il n’est même pas présent !”

Le fumeur, aux intonations américaines lui, haussa les épaules avec lassitude. Une profonde fatigue semblait l’habiter.

“Il n’y est pas pour grand chose… A l’origine, c’est une idée de sa mère. L’arrivée de Phoebe et Zoë l’a convaincue que “la famille devait cesser de se déchirer.””  

Le trentenaire dessina ironiquement dans l’air des guillemets pour montrer qu’il ne faisait que citer des propos qu’on lui avait rapporté.

“Dorian n’a été que le messager. Elle veut tous nous réunir autour d’une même table en terrain conquis. D’où le restaurant de son frère. Bien sûr j’ai refusé catégoriquement. Après, je ne suis pas contre l’idée que Phoebe soit accueillie dans la famille de Dor’, au contraire. Retrouver une famille était l’un de ses souhaits. Mais c’était sans moi. Problème : la promo de Dorian s’est vue imposée une conférence ce soir. Et je ne pouvais décemment pas la laisser seule dans la cage aux fauves.”

L’autre homme acquiesça. Il reconnaissait bien là le trentenaire. Toujours à faire passer ses proches avant ses propres intérêts… Or, elle était sympa la frangine mais son frère aîné n’avait vraiment pas besoin de ça en ce moment...

“Alors vous allez vous faire bouffer à sa place en servant de paratonnerre. Votre père n’a toujours pas avalé la pilule ?”

Le fumeur ignora l’ironie et sembla pensif.

“Pour être honnête, je ne sais pas. Quand je lui ai présenté les faits, il n’a étonnamment pas réagi. Ce fut d’ailleurs décevant, moi qui pensais que ce serait marrant de le foutre de travers... “

Son vis à vis sembla hautement surpris.

“Vous ne m’aviez pas dit, ça ! Il est vraiment resté de glace ?”

“Il a blêmi un peu et il est passé à autre chose, comme si je lui avais donné un rapport sans intérêt. Autant dire qu’il n’a pas réagi.” précisa le plus jeune en souriant pauvrement mais sans se départir de ce sarcasme qui le caractérisait tant. Le plus vieux ne se remettait pas de la nouvelle apparemment.

“Surprenant !”

“Je confirme, j’ai été très désappointé.” bouda presque le plus jeune pour appuyer son propos. Vrai quoi, il y avait de quoi quand l’un de vos rares plaisirs était d’emmerder votre paternel et que ça ne fonctionnait absolument pas…

“En même temps, apprendre qu’il avait une fille et qu’il était, de surcroît !, grand-père d’une autre, c’était pour le moins de l’inédit dans sa vie. Il y a de quoi blêmir. ”

Le fumeur râla, une nouvelle cigarette entre les dents, le briquet dans les mains, prêt à allumer son poison :

“Inédit qu’on lui fasse le coup, oui. Parce que faire le coup aux autres, ça, ça ne le dérangeait pas, je sais de quoi je parle. Et il l’encaisse ! Quoi qu’il fasse, il fait exprès de me faire chier !”

L’homme à l’accent australien se montra indulgent, dans un sourire, face à cette exagération et décida de profiter du fait que le père de son vis à vis fût au coeur de la conversation pour amener la discussion sur un sujet encore plus sensible.

“Je suppose que personne, ce soir, ne sait ce qui s’est passé le mois dernier…” lança-t-il avec beaucoup de prudence. Malheureusement, cette attention ne suffit pas. Le fumeur claqua sèchement le couvercle de son briquet en le refermant, preuve que la remarque avait été mal perçue. Visiblement, ce qui s’était passé, il ne voulait pas en parler. Il se força à répondre pourtant, mais son agressivité ne laissait aucun doute sur l’effort.

“Si mon frère et son cousin ont tenu leur langue -et ils ont intérêt !-, non. Personne n’est venu me chier dans les bottes et je n’ai pas parlé à mon père depuis que je l’ai viré, douces vacances. Si ça avait été le cas, de toute façon, j’aurai entendu parlé du pays. Mon père a toujours détesté que je provoque un scandale.”

L’homme le plus âgé n’ajouta rien, même s’il haussa un sourcil circonspect à la mention de ce silence réciproque, très surprenant quand on connaissait les caractères des protagonistes, de sept longs mois. Mais il pensait. Il pensait que, quand même, personne ne pouvait reprocher à celui qu’il accompagnait ce qui s’était passé. Mais il savait que le dire ne ferait que provoquer la colère du concerné. Tous ceux qui avaient un avis sur ce sujet était invité fort peu aimablement à le garder. Et il pensait aussi que la chape de plomb que son employeur avait imposé sur la question n’était pas une bonne idée. Alors il essayait de le faire parler, comme à l’instant. Sans grand succès… Or, Bobby Manning était certain d’une chose, c’était que Dray Fox, souffrait des évènements dramatiques qui avaient coûté la vie à l’un de ses hommes, un mois avant. Son comportement, depuis, ne laissait planer que peu de doutes. Il était devenu plus impatient encore et avait plus souvent des colères parfois injustifiées. Il fumait trop et commençait à boire de même. Ses cauchemars devenaient systématiques, ses insomnies et ses crises d’angoisse, récurrentes. Et il avait des activités de plus en plus à risques. Manning avait pris discrètement des mesures et la protection était devenue surveillance à l’insu du PDG de la Fox. Et l’équipe de mercenaires était unanime dans ses rapports. Les habitudes de leur employeur changeaient au fil des jours et ce n’était pas rassurant.

Mais ce soir-là, ce n’était pas vraiment le sujet. Ce qui l’était, c’était cette étrange réunion de famille imposée par la belle-mère de l’Américain. Et on s’en approchait car si les deux hommes attendaient au coin de la rue, ce n’était pas sans raison et seulement parce que le concerné voulait repousser l’échéance. Une jeune femme, d’une vingtaine d’années, à la longue chevelure de jais et les yeux gris platine, manoeuvrait une poussette dans laquelle une petite fille de six mois, aussi brune que sa mère et aux mêmes yeux, babillait gaiement, son doudou plat, un petit renard (il ne fallait pas être sorti de l’ASIA pour deviner qui le lui avait offert…), à laquelle était nouée sa tétine, fermement enserré dans sa petite main mais aussi prudemment accroché, par un petit ruban terminé par une petite pince, à ses vêtements.

“Je suis désolée, je suis en retard. Les cours ont fini plus tard que prévu.”

A la vue de sa soeur et de sa nièce, Dray écrasa de suite la cigarette qu’il venait d’allumer et se força à sourire.

“Pas de problème, ils peuvent bien attendre un quart d’heure. Mais tu as eu des soucis de baby-sitter ?” demanda-t-il en désignant la petite locataire de la poussette quand Phoebe s’arrêta finalement aux côtés des deux hommes.

“Non, c’est une demande de Mme Ayling.” répondit avec une anxiété non dissimulée la jeune maman. Apparemment, cette soirée ne la réjouissait pas plus que son frère.

“Ca m’ennuie, son coucher va être décalé…”

Dray acquiesça en silence en s’agenouillant face à la petite fille.

“On trouvera bien le moyen de l’installer confortablement pour qu’elle dorme. Bonjour Zoë ! Comment vas-tu, chérie ?”

Evidemment, la petite n’était pas prête de répondre à cette question. Mais elle connaissait l’adulte, le reconnut immédiatement et elle lui offrit un grand sourire en criant légèrement pour exprimer sa joie et en lui tendant les bras, ayant clairement le souhait de quitter la poussette pour un calin.

“Charmeuse !” fit Fox en riant un peu et en accordant à l’enfant ce qu’elle voulait. Phoebe et même Bobby sourirent ouvertement face au tableau.

“Dray, qu’est-ce qu’ils me veulent ?” demanda finalement franchement la jeune femme en perdant toute expression de joie. Le New-yorker soupira, lui aussi inquiet. Il tenta de se montrer le plus neutre possible.

“Je ne sais pas. Piper veut une réconciliation générale apparemment, encouragée par ton existence et surtout celle de Zoë. Dorian a servi d’intermédiaire. C’est tout ce que je sais.”

“Après huit mois ? Tu n’y crois pas.” répondit Phoebe, avec finesse et presque autorité. Fox haussa les épaules, les yeux sur Zoë, la petite décidée à explorer de ses doigts, la bouche en mouvement de son oncle, tout en voulant participer à la conversation par des syllabes assurées.

“Oh, venant de Piper, cela ne me surprend pas vraiment. Elle n’est pas quelqu’un de mauvais. Que notre père accepte soudain cette rencontre, j’ai un peu plus de mal à croire qu’il n’y a rien de suspect. Mais ils te diront que je suis de parti pris et ils auront raison.”

Bobby et Phoebe furent ouvertement surpris de cette espèce de reddition. Dray remarqua leur étonnement et s’en formalisa un peu. Son agacement, teinté de désinvolture, était parfaitement audible.

“Quoi ? Je l’ai bien accusé de meurtre parce que je le déteste. Il a ses torts mais moi aussi.”

Les deux autres se regardèrent mais n’osèrent rien répondre, devant le ton peu amène du trentenaire. Il y avait des sujets sur lesquels il valait mieux ne pas s’étendre…

Le trio finit par se mettre en route vers le restaurant, à deux pas de là, en silence, Manning, impassible, Phoebe, angoissée, Dray, sombre. Il n’y avait que la petite Zoë qui était tout sourire, toujours dans les bras de son oncle.

Phoebe avait de quoi angoisser. Si Simon avait essayé et réussi à ne rien montrer ou presque de ses sentiments face à son fils aîné, la nouvelle, preuves à l’appui, avait fait l’effet d’une bombe chez le sexagénaire. Il fallait dire que Dray n’avait pas pris de gants pour l’annoncer à son père. On pouvait même dire qu’il avait sciemment fait preuve d’insolence, de brusquerie et de cynisme. Simon avait eu comme réaction de faire l’autruche. Soit Phoebe et sa fille existaient mais ce n’était finalement pas son problème. Donc même si la vérité avait été exposée, cela ne changea pas franchement le quotidien de tous. D’un côté, on avait donc Dray, Dorian et Phoebe qui faisaient connaissance, l’aîné faisant office de chef de famille et aidant ses cadets de diverses façons et de l’autre, Simon qui ne voulait rien entendre d’autre. Phoebe, intelligente, comprit, même si ce fut un crève-coeur, qu’elle devait se faire une raison et accepter que son père refuse  tout contact. Mais le fait d’avoir l’affection de Dray et Dorian était une large consolation aux yeux de la jeune femme. Et puis Dray l’avait prévenue… Oui mais… Le benjamin ne l’entendit pas ainsi. Ce fut l’entêtement de Simon et de Dorian qui fut à l’origine de cette étrange soirée organisée.

Quand Dorian apprit de Dray l’existence de Phoebe, la pilule mit vingt-quatre heures à être avalée. Mais Ayling fit donc une très rapide volte-face et Fox parla presque aussi vite à leur père avec le résultat que nous connaissons. Et si Dray ne fut pas étonné et si Phoebe comprit qu’il fallait faire preuve au mieux de patience au pire de raison, Dorian n’accepta pas plus ce rejet de Simon envers sa soeur que celui envers son frère. Mais en discutant avec ses aînés, il voulut bien suivre le conseil de ce dernier qui était de laisser faire le temps et de se concentrer exclusivement sur sa propre relation naissante avec Phoebe sans se préoccuper de ses parents. Si Fox n’avait pas pu s’empêcher de chercher des poux à leur père en lui annonçant la nouvelle, pour le bien de Phoebe, il valait mieux à présent laisser Simon croire qu’il avait en quelque sorte la maîtrise de la situation. Oui mais et ma mère ? demanda Dorian à juste titre. Elle ne pouvait pas être laissée dans l’ignorance. Dray se montra cette fois diplomate : il valait mieux que la vérité vienne de Simon-même, pour le bien du couple de ses parents et celui de la jeune femme. Soit. Durant les semaines qui suivirent, donc, le jeune artiste et la future architecte se rencontrèrent souvent et apprirent à se connaître en douceur. Dray les laissa gérer leur relation sans s’en mêler et Dorian tint parole, il ne dit rien, ni à Simon (qui ne voulut même pas savoir officiellement si celui qui était devenu son benjamin était au courant ou non…), ni à Piper, ni au reste de sa famille, si on exceptait Aaron qui gardait jalousement le secret.

Oui mais voilà, les semaines passèrent et avec elle, la grossesse de Phoebe. La jeune femme accoucha le 10 janvier à St Mungo et dans la salle d’attente, on trouva naturellement les deux frères et les Bakas qui avaient vite adopté la nouvelle venue dans leur grande fratrie déjantée (Ren et Thalie bien trop heureuses d’avoir une nouvelle amie, voire une soeur pour la Japonaise !). Sauf que cela ne suffit pas à l’un d’entre eux. Dorian n’accepta pas que leur père fût absent alors que naissait sa petite fille. Dray l’avait pourtant prévenu alors qu’ils attendaient. Deux mots, dès que Simon prit la communication : Phoebe accouche. Leur père avait immédiatement coupé. Et Dor’ commençait aussi à en avoir ras le bol de mentir à sa mère. D’autant que celle-ci avait rencontré Phoebe ! Une semaine avant l’accouchement de sa soeur, ils s’étaient donnés rendez-vous pour déjeuner entre leurs cours respectifs. Sauf que, Piper vint chercher Dorian par surprise pour le même projet. Cela faisait longtemps qu’ils n’avaient pas eu un moment entre mère et fils. Et devant les grilles de son ancien collège, elle trouva les deux jeunes gens en pleine discussion et surtout fou-rire. Malaise… Que dire ? Il fallut croire que Phoebe était aussi douée en manipulation des mots que son frère aîné, puisqu’elle se présenta succinctement et sans rougir, et expliqua en toute simplicité qu’elle était une amie commune aux deux frères, ce qui n’était pas faux du tout. Et la jeune femme laissa très aimablement la priorité du déjeuner à Mme Ayling pour filer en toute discrétion. Problème et pas des moindres, Piper trouva les deux étudiants plutôt proches et Dorian bien trop fuyant, et elle se mit en tête qu’ils étaient peut-être ensemble. Or il fallait être aveugle pour ne pas voir que Phoebe avait un locataire. Mon fils serait-il…. ? Vous imaginez le bond de Dorian sur sa chaise, en plein milieu du resto, quand il comprit où voulait en venir sa mère entre ses tours et ses détours pour tenter de lui faire dire ce qu’elle voulait savoir : non mais ça va pas ?! Et puis s’il fallait une raison de plus à cette indifférence et cet imbroglio, le jeune homme avait laissé deux mois au paternel pour le dire. C’était plus que suffisant ! Donc, en rentrant de l’hôpital, Dorian passa à la galerie de Piper et lui raconta toute l’histoire. Trop, c’était trop.

La réaction de la galeriste fut mitigée. Contrairement à ce qu’avait cru son beau-fils, ce n’était pas l’existence même de Phoebe qui lui posa un problème. Au contraire, elle en fut heureuse. Avoir une belle-fille et une petite-fille, elle qui n’avait pu avoir qu’un fils (qu’elle adorait là n’était pas la question), c’était sincèrement positif. L’épine venait du silence de Simon. Comme l’avait supposé Dray, Piper n’apprécia pas du tout qu’il ne lui dise rien. Et elle n’apprécia pas plus que son mari tourne le dos à ses obligations paternelles. Déjà qu’elle avait du mal à accepter le conflit entre son fils aîné et lui, même si elle avait appris à fermer les yeux dessus avec les années, elle pouvait encore moins accepter qu’il rejette sa fille et sa petite-fille. Si à la rigueur, Dray avait un passif avec Simon qui expliquait leur rejet mutuel, Phoebe n’avait rien “à se reprocher” qui justifie une telle attitude. Et même si cela avait été le cas, la venue de Zoë devait être une bonne raison pour passer outre.

On vous passe la très longue conversation que Piper et Simon eurent le soir même de ces révélations. Elle fut houleuse et le résultat ne fut pas conforme aux espérances de Dorian et sa mère. Mais c’était mal connaître la galeriste si on pensait qu’elle allait abandonner. S’il y avait aucun espoir d’amélioration entre Dray et Simon, là, c’était tout autre chose. Le refus catégorique de Simon d’entendre parler de la situation n’allait pas arrêter son épouse. Elle le travailla au corps six mois (ce qui incluait paradoxalement de lui refuser... certains rapprochements...) pour qu’il accepte finalement cette rencontre (faire ceinture n’était pas possible très longtemps chez les Fox…). Elle ne fut pas surprise que Dray ne veuille pas plus, il avait toujours viscéralement rejeté la moindre compromission en ce sens. Alors quand Dorian lui apprit qu’il devait se désister et que son frère tenait à ce que Phoebe ne soit pas seule, Piper vit là une occasion rêvée de faire d’une pierre, deux coups. Peut-être qu’ils arriveraient enfin à réunir pour de bon les Fox… Utopie ? Peut-être bien oui, mais Piper était une optimiste et elle voyait en la venue de Phoebe et Zoë une opportunité de tenter la chance.

Mais quand le frère et la soeur entrèrent dans le restaurant (Manning restant à garder l’entrée avec Yoko, chargée de veiller sur Phoebe), la tension monta d’un cran. Immédiatement. Elle en était presque tangible. Il fallait dire que le père et le fils, le premier à passer la porte, un bébé dans les bras, s’étaient lancés un tel regard dur et noir qu'il aurait découragé Piper si elle n’était pas aussi opiniâtre. Mais était-ce grâce à la présence de Zoë dans les bras de Dray que les deux hommes s’étaient contentés de cet échange non verbal ? En tout cas, ce fut Piper qui dût mettre fin au silence très pesant qui régnait alors que Fox junior redonnait la petite à sa mère et restait stratégiquement et surtout symboliquement devant elles, entre eux tous.

“Bonsoir ! Merci d’avoir accepté de venir.” commença donc la galeriste d’un ton amène même si la manœuvre de Dray ne lui avait pas échappé. Simon aussi la perçut et leva un instant les yeux au ciel, agacé par son attitude. Enfin pour être honnête, tout l'agaçait dans cette rencontre où on lui avait forcé la main. Mais ce sentiment servait de paravent à un autre beaucoup plus subtil : la gêne et la culpabilité. Et ressentir ça, c’était le pire pour lui.

Le duo observa rapidement les lieux. Ils étaient chaleureux et modernes. Il s’agissait d’un grand espace aux murs couverts d’un mélange subtil de beige et ocre et au plafond gris anthracite. Au sol, toute la surface était couverte d’un parquet en chêne clair. Le restaurant était divisé en deux par cinq longues marches qui traversaient les lieux, encadrées de murs en briques gris ardoise. Une partie du restau, des tables de deux à quatres personnes en bois noir et chaises en cuir noir, était dans la partie basse, étroite, tout en longueur, entre une grande baie vitrée et les escaliers et sous un toit légèrement bombé, divisé en plusieurs vitres rectangulaires, aux encadrements en acier noir, et des poutres de bois clair identique au parquet, apparentes et perpendiculaires à la baie. Cette dernière, clairement ensorcelée, offrait un paysage qui n’avait rien d’une rue londonienne mais était celui d’un lac entouré de cascades dans une forêt. L’autre partie, la plus grande, était elle aussi divisée en deux. A gauche, une très grande cheminée de trois bons mètres de long devait en hiver chauffer les lieux. Un espace salon, avec plusieurs fauteuils et canapés en cuir noir et des tables basses en bois identique aux tables, avait été installé. A droite, dans la majorité de l’espace restant, d’autres tables un peu plus grandes attendaient les clients. A l’extrémité de la pièce, on trouvait un grand mur de briques identiques aux autres et le bar, l’accès aux toilettes, aux cuisines et à la zone privée. Au plafond, de multiples lustres faits de bulles de verres de différentes tailles encerclées de fer éclairaient agréablement les lieux.

Dray fut le premier à reporter son attention sur “l’ennemi” pour répondre aux salutations de sa belle-mère avec un hochement de tête poli et une méfiance absolument pas dissimulée.

“Mlle Ayling…”

Piper n’eut pas le temps de répondre, Simon la devança particulièrement sèchement.

“Ça t’arracherait la bouche d’appeler ta belle-mère par son prénom ?”

Dray serra les dents à tel point que la contracture de ses mâchoires fut marquée sur ses joues. Mais il garda le silence, baissant simplement la tête pour cacher son regard et donc ses émotions, entre une colère légitime face à cette agression gratuite et une profonde lassitude pour tout un tas de raisons. Phoebe posa sa main sur son bras, apaisante, en voyant les poings serrés de son frère.

“Simon !”  

Ce fut Piper qui intervint, d’une voix sévère qui ne permettait aucune contestation, et qui adressa à son mari un regard de glace qui en disait encore plus long. Simon baissa à son tour la tête en pinçant les lèvres et avec une moue renfrognée et contrariée. Dray la releva, lui, ouvertement surpris par cette prise de défense envers lui. La galeriste, elle, laissa bouder Simon et revint à ses invités, à nouveau tout sourire, sans vouloir relever l’étonnement de son beau-fils.

“Je vous présente Max, mon frère aîné. Max, je te présente Phoebe Gates et Dray Fox, les enfants de Simon.”

L’homme, jusque là en retrait et que Piper désigna, était encore plus grand que Simon et Dray. Il avait un air sympathique et une allure sportive. Son visage ovale était encadré de cheveux noirs, sans un cheveu blanc, et une barbe courte et savamment entretenue. Son teint était hâlé, son sourire et son regard bleu chaleureux, identiques à sa soeur. Il portait, la toque en moins, la parfaite panoplie du chef-cuisinier qui mettait sa silhouette musclée en valeur. Il devait plaire à pas mal de femmes et il le savait...

Phoebe serra timidement la grande main du restaurateur qui se tendit naturellement vers elle. Le New-yorker lui, la regarda avec défiance un instant assez long pour que cela se remarque. Mais par courtoisie et stratégie de celles de la prudence et de la diplomatie, il la saisit tout de même. Il ne voulait pas provoquer à nouveau un incident… Tout le monde remarqua toutefois l’autorité et surtout la dureté de son geste, en particulier Max. Sa main était ressortie de l’échange douloureuse. Le silence s’imposa à nouveau, toujours aussi pesant. Piper allait clairement ramer et cela fit sourire Max qui dit tranquillement :

“Je retourne voir où en est mon filet de boeuf. Farah va s’occuper de vous.”

On pouvait clairement entendre le “Bon courage, petite sœur !” qui y était caché. Il désigna du regard en la nommant la barmaid, patientant derrIère le bar. Dray observa un instant la jeune femme qui serait visiblement leur serveuse. La trentaine, de taille moyenne, de type arabe, gracieuse, des yeux mordorés, les cheveux noirs en chignon strict, de grands anneaux d’or en boucles d’oreilles, un maquillage élégant, un uniforme classieux… Elle était jolie.

“Pardon pour le retard, c’est de ma faute. J’ai eu un cours déplacé. Le temps de préparer Zoë...” s’excusa gracieusement Phoebe.

“Oh ce n’est rien ! J’ai connu. Dorian avait le chic pour avoir besoin d’être changé au moment où il fallait sortir.” répliqua la galeriste, débonnaire. Si Phoebe retint un sourire amusé à cette remarque, imaginant aisément son petit frère en bébé portant des couches, Dray resta complètement fermé. Il n’était pas d’humeur pour apprécier l’image…

Après avoir invité ses beaux-enfants à retirer leurs vestes s'ils le désiraient, Piper proposa finalement à tout le monde de s’asseoir autour d’une table ronde (ce qui fit grimacer le père et le fils…), la plus proche de la partie salon, une chaise de bébé astucieusement installée avec les adultes. Un petit lit parapluie près à accueillir Zoë se trouvait près d’un canapé. Visiblement, Piper avait pensé à tout.

“Votre fille est adorable !” dit d’ailleurs la galeriste alors que Phoebe mettait la petite, gazouillante, le nez dans son doudou, dans la chaise haute.

“Merci.” répondit dans un sourire gêné la jeune femme alors qu’elle sortait du sac de lange quelques jouets.

“Je vais devoir lui donner son biberon d’ici une demi-heure…” ajouta-t-elle en le posant près de son assiette.

“Mais bien sûr. D’ailleurs, s’il faut le réchauffer… Comme vous le voyez, j’ai préparé un lit.” acquiesça Piper en s’asseyant avec autorité et stratégie à côté du bébé. Vous comprendrez que Phoebe prenant place très logiquement à côté de sa fille, Dray et Simon se retrouvaient côte à côte. Ambiance… Le fils Fox choisit le moindre mal et sa soeur comme voisine plutôt que sa belle-mère, ce qui arrangea bien Simon qui préférait sa femme...

“Que désirez-vous boire en apéritif ?” demanda finalement la galeriste en faisait signe à Farah.

Les commandes prises, whisky pour le couple, vodka pour Dray et cocktail sans alcool pour Phoebe, tout le monde se regarda un peu en chien de faïence. Un troupeau d’anges bien encombrant passa. Piper soupira devant ce constat.

“Vous allez vraiment me laisser faire tout le travail ?” fit-elle avec une pointe d’ironie amusée.

“Je suis désolée. C’est juste que… votre demande est très inattendue, Mrs…” répondit poliment mais toujours aussi timidement la jeune maman. Les Fox continuèrent à ne rien dire.

“Mrs ? S’il vous plaît, appelez-moi Piper, mon égo est sensible.” plaisanta la galeriste avant de conclure plus sérieusement. “Ou choisissez la solution de Dray, c’est un bon compromis.”  

Elle avait espéré que cela pousserait le sus-nommé à entrer à son tour dans la discussion mais le trentenaire garda le silence, le regard obstinément sur les verres en cristal, le bras droit posé fermement sur la table, le poing serré, les doigts de son autre main pianotant furieusement sa cuisse, dissimulés par la nappe. Piper déchanta donc. Mais elle n’abandonnerait pas.

“Enfin, pour en revenir à cette réunion, je pense qu’il est plus que temps que cette famille retrouve une certaine stabilité. Qu’en pensez-vous, Dray ?”

Face à cette question directe, Fox fut bien obligé de répondre et se força donc à lever les yeux. L’avantage d’être assis à côté de son père, finalement, c’était qu’il ne le voyait qu’en périphérie… Affronter le regard direct de sa belle-mère était quand même plus facile. Il tenta d’être le plus calme et neutre possible et taire la glace (ou le feu…)  qui voulait couvrir ses propos mais ce fut loin d’être évident :

“Je suis là pour m’assurer des intérêts de Phoebe. Rien de plus, rien de moins.”

Mais évidemment, même s’il avait essayé d’être diplomate, cette réponse ne satisfit pas les parties en présence…

“Parce que tu crois vraiment qu’elle est menacée et qu'elle a besoin de ta protection ?” s’outragea Simon, railleur, devant cette remarque au sous-entendu bien trop évident à son goût. Piper regardait Dray d’un air entendu et ferme. Clairement, elle posait aussi silencieusement la question. Le New-yorkais pinça les lèvres, voyant parfaitement le piège dans lequel on voulait le pousser. Il jeta un coup d’oeil à Phoebe qui lui sourit avec confiance. Elle avait été suffisamment briefée pour savoir où ils mettaient les pieds tous les deux. Et elle ne parlait pas de ce que Dray avait pu lui dire, ce qui ne tenait pas à grand chose, en réalité. Si elle s’était contentée de ce que son frère aîné lui avait dit, tout ce qu’elle aurait su, tenait simplement en l’animosité qui existait entre leur père et lui. Mais les raisons profondes, ça… D’autres avaient répondu à ses questions… Dray prit quelques secondes pour chercher la meilleure façon de répondre, sur le ton le plus professionnel possible.

“Il y a huit mois, elle était presque à la rue, malgré une tentative de contact. Et comme je le disais à Phoebe, il y a moins de vingt minutes, j’ai un sérieux parti-pris. Et enfin... c’est ma soeur. J’ai de quoi me méfier.”

Simon ne trouva presque rien à répondre à cela. Ce raisonnement était logique et ne présentait rien de gratuit. Mais on avait dit presque…

“Dommage que tu n'aies pas eu la même prévenance envers ton frère.”

Cette fois, Piper n'intervint aucunement et son expression montrait même qu'elle était assez d'accord avec son mari. Elle avait certes demandé à son beau-fils de garder le silence sur le passé des Fox, pas qu'il le tienne à distance en le martyrisant presque… Et puis, puisque c'était elle qui avait organisé cette rencontre, Dray sous-entendant qu'il se méfiait autant d'elle que de son père. Et ça, forcément, le caractère épicé de la galeriste ne pouvait pas l'accepter.

“Ma famille n'est pas un danger pour cette jeune femme !” s'exclama-t-elle d'ailleurs.

A nouveau, le trentenaire serra les dents. Il trouvait qu'on s'éloignait déjà beaucoup du sujet principal et qu'il marchait dans un champ de mines...

“Dorian et moi nous sommes expliqués, je me suis repenti, il m'a pardonné et cela ne regarde que nous deux. Quant au danger que pourrait représenter votre famille, Mlle Ayling, tout est une question de point de vue, et je ne parle même pas de notre père. Je pense que les vôtres n’ont pas conscience du mal qu’ils peuvent faire.” répondit avec autant de calme que de fermeté le New-yorkais. Bien évidemment, le couple tiqua à cette réponse, Simon parce que l’attaque envers lui était à peine sous-entendue, Piper parce que l’opinion de son beau-fils sur sa famille était pour la première fois exprimée et qu’elle paraissait guère en leur faveur. Il semblait que Fox pensait que les siens lui en avaient fait, du mal. Et elle aurait bien voulu approfondir la question. Mais Dray refusait viscéralement d’aller plus loin sur le sujet et embraya immédiatement pour ne pas leur laisser le temps de rebondir sur ses paroles. Il fallait recentrer l’entretien très vite à son sens.

“Mais nous ne sommes pas là pour parler de mes opinions, de mes décisions passées ou de mes manquements, mais pour que toi, tu fasses la connaissance de ta fille et de ta petite-fille. Je ne suis pas contre cette idée mais le fait que tu aies refusé tout contact avant ce jour me laisse très pessimiste sur l’issue de cette rencontre. C’est pour ça que je suis là et uniquement parce que Dorian ne peut pas être présent. Alors, même si je reconnais vos efforts, Mlle Ayling cessons de jouer la comédie. Que décides-tu, Père ? Je sais que ta femme t’a forcé la main, mais maintenant, Zoë et Phoebe sont en face de toi, tu ne peux plus reculer.” continua donc le trentenaire sur ce ton neutre qu’il utilisait en affaires, comme s’il négociait un contrat. Tout le monde fut surpris de cette manoeuvre pour le moins directe. Et elle fut plus ou moins appréciée. Moins que plus...  

“Ne me mets pas au pied du mur !“ tonna Simon.

“Tu l’es depuis que nous sommes entrés et je n’y suis pour rien.” rétorqua Dray, pas du tout impressionné par la voix de stentor de son père. Ce ne fut pas le cas de Phoebe qui rentra légèrement la tête dans ses épaules après un sursaut, ni de Zoë qui eut peur et se mit à pleurer. Piper fronça les sourcils, exaspérée tant par le manque de diplomatie de son beau-fils, qu’elle voyait calculé uniquement pour faire enrager son père et ainsi détourner la conversation de son cas, tant par la réaction impulsive et extrême de son mari qui tombait inévitablement dans le piège.

Mais les pleurs de l’enfant eurent pour effet étrange de calmer immédiatement Simon sans que Piper ait à intervenir et d’adoucir cette dernière. Phoebe sortit Zoë de sa chaise et la petite s’apaisa dans les bras de sa mère. Piper remarqua avec sagesse et sévérité.

“Bon, je pense que pour le bien de cette enfant, nous allons éviter d’élever la voix à l’avenir, et je parle surtout de vous, messieurs…”

Dray leva un instant les yeux au ciel, agacé qu’on lui reproche quelque chose que seul son père avait fait, même si sa belle-mère parlait là en guise de prévention. Mais il garda ses commentaires pour lui. Mettre de l’huile sur le feu après sa petite démonstration n’était pas la meilleure idée. Il avait obtenu ce qu’il voulait après tout : qu’on l’oublie... Farah mit définitivement fin à ce round en servant les apéritifs.

“Mais j’avoue que vous n’avez pas tort, Dray. Nous sommes là pour vous et votre bébé, Phoebe. Et puisque votre frère tient à accélérer le mouvement, votre père vous doit quelques explications.” reprit la galeriste après le départ de la serveuse. Tout le monde but une gorgée de son verre, Simon et Phoebe pour se donner du courage plus qu’autre chose, l’un pour parler, l’autre pour écouter.

“Je vais donner son biberon à Zoë…” eut le bon goût de dire Dray après avoir posé son verre. Il se leva et prit la petite et le biberon pour se rendre vers un fauteuil à l’écart de la table. Il était assez malin et connaissait assez son père et surtout sa fierté pour savoir que sa présence était un frein aux confidences…  

“Si ça ne va pas, tu m’appelles aussitôt…” murmura-t-il toutefois à sa soeur avant de s’éloigner. Phoebe acquiesça simplement du chef dans un sourire confiant alors que le couple regardait avec surprise le trentenaire se lever. Mais aucun n'essaya de le retenir…

“Avant tout, je vous dois des excuses…” commença Simon avec une légère hésitation dans la voix.

“Vous le pensez sincèrement ?” l'interrompit avec douceur la jeune femme.

“Écoutez… Je sais bien que j'ai mal réagi. Je n'ai rien contre vous.” se força à répondre le sexagénaire avec une difficulté manifeste. Simon n'était guère habitué à reconnaître ses torts.

“Alors quel était le problème ?” demanda franchement Phoebe à présent désireuse de savoir ce qui avait bien pu passer par la tête de son géniteur. Elle remarqua toutefois un peu plus froidement :

“Vous auriez pu au moins me laisser le bénéfice du doute au lieu de m'envoyer directement vos avocats. S'il s'était révélé que ma mère avait fait erreur, je n'aurai pas insisté, vous savez. Je suis quelqu'un d'honnête.”

Simon soupira, mal à l'aise. L'attaque était directe, Phoebe n'était pas du genre à s'encombrer des chemins détournés. Mais elle était dans son droit de réclamer des réponses. Simon marmonna dans sa barbe.

“Réponse pré-programmée… Vous n'auriez pas été la première à tenter cette arnaque.”

Phoebe haussa les sourcils, un peu surprise et peu satisfaite de cette explication. Elle répliqua fermement, un peu agacée :

“Soit. Mais quand Dray vous a annoncé la nouvelle, et quand il vous a appris mon accouchement ?”
 
Silence… Un silence de ceux qui étaient trop longs et donc gênants. Voyant que son mari, qui avait baissé la tête, ne semblait pas vouloir approfondir la question, Piper intervint :

“Simon…”

Rappel à l'ordre ou encouragements ? Un peu des deux vu le ton employé...

“Ça va, ça va…” marmonna à nouveau l'ancien homme d'affaires, le nez dans son verre de whisky.

“J'ai eu honte, il n'y a pas à chercher plus loin.” finit-il par dire sèchement.

Cette réponse faillit provoquer un ricanement vers les canapés. Dray n'était pas assez loin pour ne pas entendre la conversation. Et celle-là, il avait du mal à l'avaler. Simon honteux de  quelque chose ne rentrait pas dans sa vision du monde. Mais une telle intervention de sa part aurait remis aussitôt le feu aux poudres alors il réussit un extremis à l'étouffer en faisant mine de tousser. Mais Simon n'était pas dupe et il décocha à son aîné un regard mauvais et claqua vertement :

“Je t'interdis de remettre ma parole en doute, toi ! Je me reprochais déjà suffisamment d'avoir couché avec une autre femme un mois après avoir enterré ta mère ! Je l'aimais, tu le sais ! Et voilà que tu m'annonces avec ton tact habituel que j'ai eu de ces rapports une fille à qui j'ai tourné le dos, tu as bien appuyé sur ce fait ! J'aurai dû me sentir épanoui ? J'ai rejeté la nouvelle parce que je n'ai jamais assumé d’avoir trompé ta mère, ce que je n'avais jamais fait, que tu me crois ou non là dessus aussi, et voilà que de cette aventure, j'avais eu une fille dont j'ignorais l'existence, elle-même, mère ? Comment j'avais pu faire ça ? Comment je pouvais expliquer cela à Piper ?! Quelle image ça donnait de moi ? Pas celui du mari sur qui on peut compter ! Or avec les choix que j'ai fait avec la Pax Romana, j'étais en sursis. Je ne voulais pas prendre le risque de définitivement la perdre et de perdre Dorian.”

Dray soupira, regrettant que sa réaction ne soit pas passée inaperçue. Toutefois, puisqu'il avait été pris à partie et que son intervention incontrôlée avait ouvert les vannes, il se sentit en droit de répondre. Mais contrairement à leurs habitudes, ce fut calmement et avec suffisamment de neutralité pour que ça ne tourne pas en une énième engueulade. La présence de Zoë sur ses genoux en train de téter son biberon goulûment l'aida dans la manœuvre.

“Tu n'as toujours pas compris… Tu ne t'es pas dit que c'était ton manque d'honnêteté qui risquait de te les faire perdre ?”

“C'est ce que je lui ai dit.” intervint Piper avec une certaine sagesse pour encourager Fox à continuer à donner son opinion, en montrant qu'elle était d'accord avec lui. Si elle ne l'avait pas retenu à la table parce qu'elle validait cette stratégie pour amener Simon à parler, la galeriste pensait aussi qu'il était important pour un apaisement de toute la famille que Dray participe à la conversation et dise ce qu'il pensait de tout ça. Et il ne se retint plus...

“On sait tous à présent que tu n'as rien d'un saint.” ironisa le trentenaire malgré lui. “Alors assumer tes conneries est nettement plus profitable à ton image que de t'obstiner à les foutre sous le tapis, tu peux me croire.”

Simon allait répliquer quelque chose de peu aimable vu son expression mais cela se mua en un grognement bourru. Le coup de pied de Piper sous la table y était pour quelque chose… Cela permit à Dray de continuer sur sa lancée et ce fut heureux pour une fois.

“Mais sur ce coup-là, il n'y a que toi pour voir ce qui s'est passé entre Andréa et toi comme un manquement. Maman était partie, techniquement, tu ne l'as pas trompée. C'était trop tôt sans doute et tu avais la sensation d'être toujours marié. Mais je ne te reprocherai pas d'avoir tenté de faire taire ton chagrin ainsi. C'est humain et on a au moins une chose en commun là dessus.”

“Et c'est maman qui a choisi de ne rien vous dire. Vous n'y étiez pour rien.” ajouta Phoebe gentiment.

Simon fut surpris de ne pas subir de reproches de la part de ses deux enfants, Dray en particulier, sur ce point du passé, l'un des rares qui le faisait cogiter. Toutefois, son fils ne fut pas plus longtemps conciliant même s'il demeura très calme :

“Là où tu as déconné, ce n'est pas le passé, c'est le présent. Mais ça, tu le sais et je n'ai rien à ajouter là-dessus, sauf que j'aurai pu éviter de jouer les petits cons, je t'accorde ce point. Je suis désolé, sincèrement. Mais pour le reste, t’es le seul à pouvoir rectifier le tir. Phoebe a le droit à sa place et si notre relation est irrémédiablement pourrie, elle, elle mérite largement que tu ravales ta fierté et que tu fasses l'effort de la reconnaître et de l'accepter.”

Pour une fois, Simon accepta de bonne grâce ce recadrage. Que son fils fasse l'effort de s'excuser l'y aida. Il l'imita, en tout cas pour Phoebe, après une profonde inspiration, de celles qu'on prend avant de se jeter à l'eau. Et croyez-le, les excuses de Simon valaient cher comme tout ce qui était rare, Dray les attendait toujours. Et secrètement, le trentenaire jalousa sa sœur sur ce coup, au point qu'il reporta toute son attention sur sa nièce pour tenter de ne pas entendre et dissimuler la lueur amère de son regard.

“Je suis profondément désolé de t'avoir fermé la porte et du mal que ça a pu te faire. Je te propose de recommencer depuis le début et de faire connaissance.”

La jeune femme, pas rancunière (elle était bien la seule de la famille…) offrit à son père le plus joli sourire de son répertoire.

“Entendu, ça me convient parfaitement.”
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MessageSujet: Re: Rencontre désagréable...   Rencontre désagréable... Icon_minitimeVen 30 Nov 2018 - 22:19

Ce cap franchi, l'ambiance fut plus sympathique. Dray resta toutefois définitivement en retrait trouvant l'excuse de s'occuper de sa nièce parfaite et la conversation des trois autres tourna autour de Phoebe. Mais une fois Zoë endormie et les plats servis, il dut bien revenir à table. Il ne se montra pas le plus bavard des convives, ce fut peu de le dire. Il écouta simplement sa soeur répondre aux questions de leur père et de leur belle-mère et raconter ses souvenirs d'enfance qu'il connaissait en partie. Après tout, il avait été très clair, il n'était là que pour s'assurer que tout aille bien pour elle. Pas besoin de parler pour ça… Piper regretta silencieusement cet état de fait mais elle ne pouvait rien faire contre l'obstination de son beau-fils.

La soirée aurait pu continuer à se passer relativement bien mais il était connu et reconnu depuis longtemps que quand cela approchait de près Dray, ce n'était jamais aussi simple. Le New-yorkais, après que les assiettes furent retirées et qu'on attendait le dessert, sortit fumer. Il s'était retenu aussi longtemps qu'il avait pu mais sa consommation de tabac étant en hausse depuis “l'incident” du Pré-au-lard, Bobby ne fut pas étonné de le voir sortir une troisième fois depuis le début de la soirée. Ce qui fut surprenant, ce fut qu'il fut cette fois, suivi de sa belle-mère et de sa sœur, et discrètement du garde du corps de la galeriste. Piper s'était mise en tête d'obtenir des explications sur le sous-entendu qu'avait fait Dray sur sa famille en début de soirée, d'autant qu'il continuait à être particulièrement glacial envers Max. Elle ne s'était pas cachée de ses intentions, contre l'avis de son mari qui, lui, savait pertinemment ce que son aîné en pensait puisqu'il avait assisté à une dispute entre Dorian et Dray où la question avait été abordée. Et ça n'allait pas lui plaire. Mais ce que femme veut…  Le court débat avait poussé Phoebe à la suivre.

“Tu ne devrais pas t'en mêler.” prévint Simon, avec nonchalance, lui qui connaissait trop bien le caractère de l'un et l'autre. Mais sa fille n'écouta pas ce sage conseil, parce qu'elle se doutait bien que Piper n'allait pas apprécier la réponse si elle l'obtenait ou l'échec si Dray gardait le silence, et que son frère n'allait pas aimer du tout que leur belle-mère veuille lui tirer les vers du nez. Une médiation allait être nécessaire et elle ne voyait personne d'autre dans ce rôle… Cette réunion en abîme poussa Bobby à rester à l'écart, l'entrée en matière de Piper laissant peu d'alternatives.

“Maintenant, à nous deux, jeune homme !” énonça-t-elle avec l'autorité d'une mère.

Fox, qui allumait sa cigarette, haussa les sourcils, surpris et méfiant qu'elle le pourchasse jusqu'à l'extérieur. C'était quoi encore, ce bordel ? Il tenta d'ailleurs de désamorcer immédiatement l'attaque.

“Ne vous fatiguez pas, Mlle Ayling, je n'ai rien à vous dire. La soirée se passe bien, autant faire en sorte que ça continue.”

“Vous êtes plus têtu et borné que votre père et ce n'est pas un compliment !” rétorqua la galeriste, bras croisés. “Mais vous en avez trop dit ou pas assez tout à l'heure quand vous avez parlé du mal que faisait ma famille sans s'en rendre compte, et si vous pensiez que je n'allais pas relever et creuser, c'est bien mal me connaître.”

Dray ricana méchamment. Elle ne manquait pas de souffle la belle-doche mais elle allait vite redescendre de ses grands chevaux.

“Alors on est dans une impasse parce que je ne suis pas prêt de cracher le morceau. Et je peux vous certifier qu'il faudra plus que me faire les gros yeux pour que je cède.”

Cette légère rebuffade ne sembla ni surprendre Piper, ni la contrarier outre-mesure. Elle répondit simplement, dos contre les portes :

“Bien, nous ne sommes pas prêts de rentrer alors parce qu'on ne repassera pas ces portes tant que vous ne m'aurez pas répondu. Phoebe, si vous voulez faire demi-tour, c'est maintenant.”

Phoebe ne rentra pas et ce fut Dray qui se retrouva désarçonné. Il ne pouvait décemment pas pousser sa belle-mère ou lui jeter un sort pour passer, son père allait le tuer, et bien campée sur ses appuis, elle n'était pas prête à se laisser détrôner. On allait voir qui était le plus têtu des deux donc. Et ça allait être long...

Pour preuve, la nuit tomba et aucun n'avait dit un mot de plus. Ils étaient tous les trois devant ces portes depuis plus d'une demi-heure et on entendit Big Ben donnait la demi de neuf heures. La nuit d'été promettait d'être agréable et la rue était pleine de promeneurs qui profitaient de leur vendredi soir, entrant et sortant des bars et des restaurants, les happy hours aidant. Des groupes de fumeurs étaient aux portes. On entendait des discussions joyeuses et des rires, de la musique aussi. Dray sortait sa sixième cigarette de son étui, Piper n'avait pas bougé d'un pouce et Phoebe les trouvait aussi ridicules d'impressionnants. A l'intérieur, Simon avait pris son parti et était en pleine discussion avec Max qui écoutait son beau-frère lui expliquer ce qui se passait et riait du piège de sa sœur.

“Vous comptez rester toute la nuit là ?” finit par demander Phoebe, en étouffant son hilarité.

“S'il le faut…” répondit simplement Piper avec un calme olympien et un sourire jusqu'aux oreilles. Elle reçut en réponse un regard acéré de son beau-fils, bien moins patient qu'elle et qui, lui, ne trouvait pas du tout de quoi rire. Il pouvait simplement se barrer mais il avait des remords de laisser sa sœur seule, d'autant qu'il s'était promis de la ramener chez elle. Et ça, la galeriste le savait…

Mais alors qu'il semblait bien que ce petit duel allait durer encore un certain temps, quelque chose changea dans l'atmosphère. La soirée, jusque là douce, après une journée chaude, se rafraîchit brusquement. Phoebe frissonna, regrettant sa veste restée à l'intérieur et soudain, elle sentit s'éteindre son envie de rire comme la flamme d'une bougie sur laquelle on souffle. Elle regarda son frère et sa belle-mère. Piper aussi avait perdu son sourire, son visage s'était fermé et les deux femmes virent la flamme du briquet de Fox tremblait légèrement entre ses mains, les traits du trentenaire encore plus assombris. Aux alentours, les rires des passants, des groupes de fumeurs ou qu’on entendait sortir des bars avaient disparu, les conversations s'étaient faites plus sourdes et moins enjouées. Dray remarqua finalement, et ses propres tremblements et la chair de poule sur les bras nus de sa sœur. Il enleva sa veste pour la lui mettre sur les épaules pour régler les deux problèmes mais fixa étrangement les alentours. Quelque chose n'allait pas, il en était à présent persuadé… Peut-être parce qu’il sentait sa gorge se serrer étrangement, troublé par cette douleur silencieuse au coeur qui le tourmentait depuis trop de temps et le froid le pénétrer lui aussi… L'Américain déglutit difficilement quand lui vint soudain aux narines une horrible et prenante odeur d'hôpital non-maj. Et malgré ses efforts pour les repousser, des souvenirs de ceux qu'on voulait oublier à tout prix lui venaient irrémédiablement en tête. Il avait beau essayer de penser à autre chose, des choses positives comme banales, il ne s’imposait que des images de meurtres, de cadavres et de torture, d'hôpitaux et de squats sordides, de rupture, de carnets jetés au feu, de fauteuil roulant et de seringues… L'angoisse oppressante deviendrait très vite incontrôlable à ce rythme, il connaissait bien le phénomène à présent. Il jeta un coup d'oeil à Piper et vit sa mine renfrognée, sourcils froncés. Elle aussi, apparemment, se posait des questions. Puis il observa sa soeur. Elle était visiblement troublée. La jeune femme se demanda ce qui se passait, pourquoi elle ne parvenait plus à avoir en tête que les morts de ses parents et de son mari, pourquoi elle avait soudain envie de pleurer de chagrin. Et pour Fox, une question s'imposa assez vite et lui fit porter la main à sa baguette : où était-il ? Certainement pas loin, vu ce qu'il ressentait… À l'intérieur du restaurant aussi, on ressentait une chute soudaine du moral. Max vit l'attitude de Simon changer du tout au tout et lui-même perdit l'envie de sourire. Mais c'était nettement plus flagrant chez l'Américain qui affichait à présent sa tête des mauvais jours. Était-ce parce qu'ils avaient parlé de Sophia un peu plus tôt, que cela avait fait remonter à la surface certaines choses ? En tout cas, leur conversation sur leurs amours s'était faite plus feutrée et plus amère...

Soudain, dehors, l'oeil de Phoebe fut attiré par quelque chose passant devant la lune. Elle distingua d'étranges voiles noirs en loques voler vivement au dessus des toits. Ils étaient encore relativement hauts mais ils semblaient bien se rapprocher de seconde en seconde.

“Il y a quelque chose dans le ciel !” s'exclama-t-elle en pointant les anomalies du doigt, effrayée sans trop savoir pourquoi.

Les deux autres levèrent alors la tête. Dray avait la réponse à sa question… Ce n'était pas quelque chose. C'était des dizaines de choses qui à présent formaient un sinistre agglomérat… Les deux aînés dégainèrent immédiatement leurs baguettes alors que Manning et Yoko les avaient rejoints avec urgence.

“A l'intérieur. Tout de suite.” ordonna le chef des mercenaires d'une voix sévère en encourageant Phoebe, complètement perdue en la poussant légèrement, une main protectrice dans son dos. Sur la vitrine du restaurant, du givre se formait. Dans la rue, des cris de peur retentirent. D'autres avaient vu.

“Qu'est-ce qui se passe ?” osa demander la jeune femme d'une voix blanche, les larmes aux yeux sans qu'elle puisse le contrôler, alors que Piper se retournait pour ouvrir la porte.

Trop tard. L'attaque fut fulgurante. La masse noire se déversa dans le quartier. On entendit des cris de terreur et des “Patronus !” s'élever en chœur dans la foule. Quatre retentirent autour de Phoebe mais seules trois créatures d'un blanc immaculé jaillirent des baguettes pour arrêter la vague de détraqueurs qui se déversait dans la rue. Un dingo, une grue, et une louve. D’autres patronus traversèrent la masse de créatures maléfiques. Mais Dray resta interdit de ne pas voir son renard dans le lot. Son sort n'avait absolument pas fonctionné et son deuxième essai ne se montra pas plus efficace. Merde, qu'est-ce qui se passait ?!

Malgré les efforts des sorciers, relativement nombreux et souvent jeunes, la lutte était inégale et la fuite impossible. On avait rendu la zone interdite au transplanage. On avait tendu un piège et offert les malheureux à bouffer aux monstres. Certains détraqueurs réussirent à passer le mur de patronus alors que ceux incapables du seul sort qui pouvait les contrer couraient se réfugier dans les établissements alentours. On entendait à présent distinctement les râles lugubres des créatures. Et quand l'une d'elles s'approcha du petit groupe, Phoebe, terrifiée, fut prise d’une crise de larmes incontrôlable. Pour Dray, ce fut différent et plus violent. Il sentit une douleur démesurée exploser en lui. La douleur du Doloris et la douleur de Hyde Park. Il ne put s'empêcher de crier et s'effondra à genoux sous le poids de la souffrance, la tête entre les mains, incapable à présent de faire le tri entre la réalité et ses souvenirs. Ses oreilles bourdonnaient de pleurs désespérés, de cris de terreur et de hurlements de douleur, des combats d'une autre époque, celle du drame de Stuart ou, plus récents, ceux de Curtis. Très rapidement, il se mit à suffoquer, la sensation d'être étranglé à nouveau.

“Dray !”

Ce fut autant Piper que Phoebe qui crièrent alors même que la créature des Ténèbres avait saisi cette proie facile par le col pour le baiser ultime, d’une main décharnée et couvertes de croûtes purulentes, l’autre retirant sa cagoule. Heureusement, Piper eut le bon réflexe. Elle fit dévier son patronus vers son beau-fils. Immédiatement, le détraqueur lâcha sa victime qui s'écroula à nouveau, et s'enfuit loin de la louve. Phoebe put enfin ouvrir la porte du restaurant, cassant le sortilège d'insonorisation.

“Simon, Max, vite par ici !” cria Piper. Mais l’appel à l’aide fut inutile. A peine la porte entrouverte, les deux hommes et le garde du corps de l’ancien homme d’affaires avaient été alertés par les bruits de lutte de la rue. Ils couraient vers la porte, baguette en main et découvraient l’horreur de la situation. Manning donnait ses ordres pendant que Yoko et le garde du corps de Piper encourageaient les sorciers près d’eux à les suivre pour essayer de sauver le maximum de personnes. Les patronus ne faiblissaient pas heureusement mais malgré les efforts de leurs maîtres, les détraqueurs trop nombreux gagnaient inexorablement du terrain. L’auror et le chef ajoutèrent le leur. Simon s’apprêta lui aussi à lancer son sort mais il fut pris à partie par Bobby :

“Aidez votre fils et retournez tous à l’intérieur !” cria le mercenaire avec autorité, occupé à continuer à maintenir à distance les créatures des ténèbres, tout en se rapprochant de l’entrée du restaurant.

Simon chercha alors Dray du regard et fut hautement surpris et autant inquiet de le voir se tordre de douleur à terre, la respiration erratique, son visage inondé de larmes provoquées par une souffrance immense qu'on lisait sans peine sur ses traits. Le sexagénaire voulut aider son fils à se relever mais il constata vite qu’il en était incapable. L’esprit du trentenaire ne répondait plus. Il était encore conscient mais il n’était plus branché sur le temps présent, perdu dans trop de souvenirs éprouvants à l'excès. Simon le fit léviter sans plus chercher à interagir avec lui. Bobby et Yoko fermèrent la marche. Dans le restaurant, à présent, une quinzaine de personnes avait pris place. Les mercenaires verrouillaient solidement tous les accès possibles au restaurant avec l’aide des aurors en charge de la protection du couple. Max alluma la cheminée pour essayer de réchauffer tout le monde, tous encore sous l'influence des détraqueurs trop nombreux, et alla chercher tout le chocolat de ses réserves. Simon allongea Dray sur l’un des canapés. Il ne savait pas quoi faire, il ne comprenait pas ce qui arrivait à son fils. Phoebe ne put sécher ses larmes que quand elle put prendre dans ses bras Zoë, réveillée et stressée par tout ce mouvement et la panique ambiante.

Mais une fois éloigné des détraqueurs et les portes closes, Dray reprit pied dans la réalité. La douleur s’était atténuée en même temps qu’on avait mis de la distance avec les créatures. Cela lui permit de retrouver un peu le fil de ses pensées. Mais il avait l’impression d’être passé sous un troupeau d'hippogryffes et sa crise d’angoisse était loin d’être apaisée, en témoignaient son cœur affolé, ses tremblements incontrôlables, sa respiration difficile, ses vertiges et ses nausées.

Phoebe s’assit près de lui, Zoë cramponnée à elle, et voulut poser sa main sur l’épaule de son frère pour tenter de l’apaiser. Mais Dray la repoussa en la saisissant brusquement par le poignet pour arrêter son geste. Il n'y avait pas mis beaucoup de force (il en était incapable de toute façon) mais suffisamment pour que le message soit passé sans qu'il ait eu besoin de parler. Et Phoebe le comprit. Personne n'était autorisé à le toucher…

Bobby mit fin à l'insonorisation des lieux et au sortilège qui décorait la vitrine du restaurant pour être au fait de ce qui se passait à l’extérieur et ce n'était pas très positif puisque des détraqueurs tentaient de pénétrer dans la place ou entraient dans des établissements moins bien gardés. Certaines personnes étaient aussi restés sans abri. Les cris et les éclairs blancs ne faisaient pas de doutes sur ce qui se passait au dehors. Il fallait espérer que les renforts arrivent vite. Bobby soupira en laissant sa place à sa collaboratrice au poste d'observation choisi. Ils ne pouvaient rien faire de plus. C'était déjà un exploit qu'ils aient pu abriter autant de personnes…

Quand le mercenaire s’approcha de son employeur, il capta un regard inquiet de sa soeur. Il comprenait très bien pourquoi… Fox avait singulièrement mauvaise mine… Il se doutait de ce qui avait pu se passer mais il ne l’avait pas prévu. Rares étaient les réactions aussi violentes aux pouvoirs des détraqueurs. Mais rares aussi étaient ceux qui avaient le passif de l’Américain. Quand il s’assit sur l’accoudoir du canapé sur lequel était allongé Dray, ce dernier passait en revue les aiguilles de sa montre avec urgence. Tout le monde était en sécurité... sauf un. Le New-yorkais eut tôt fait de sortir son miroir à double sens.

“Vaughn Xander !”

Le peintre était en vadrouille en ville, ce soir-là. Et Fox n’avait aucune idée d’où exactement. Et ça le faisait baliser. Il était même mort de trouille. Et ça n’arrangeait ni son humeur, ni son état. Son ton reflétait parfaitement son ressenti partagé entre l’angoisse énorme qui le torturait et la colère de ne pas réussir à prendre sur lui et d’être incapable de se relever. Quand la communication fut établie, il ne fut capable que de deux mots, toujours aussi tremblant.  

“Rentre, maintenant !”

Dray était incapable de parler plus que cela, pour le moment. Le ton était peu amène et autoritaire, on l’excuserait, tout en étant un peu incertain de par sa respiration difficile. Il transpirait la peur et l’impatience qui ressortait comme de l’agacement. Le trentenaire tentait de reprendre le contrôle de la situation mais la colère purement instinctive n’était pas la bonne réponse. Cela faisait un drôle de mélange qui risquait bien de ne pas être compris. D’ailleurs, il ne le fut pas. Manning soupira, en voyant que les choses risquaient bien de dégénérer entre les deux Américains. Et Fox n’était pas prêt à faire face à une réponse cinglante. Le mercenaire demanda à son employeur son miroir. Et le New-yorkais comprit, au vu de la réponse de Vaughn, que sur ce coup-là, il valait mieux laisser faire l’Australien. Il le lui tendit, penaud.

“Xander, des détraqueurs ont envahi le quartier où l'on se trouve. On ignore jusqu'où s'étend l'infection mais ils sont beaucoup trop nombreux et le transplanage est impossible. Pour votre sécurité, rentrez à Poudlard, s'il vous plaît. Et si ce n'est pas pour vous, faites-le pour Fox. Il ne va pas bien et ça l'aiderait de vous savoir à l'abri. Je vous le repasse.”

Fox décocha un regard acide à son garde du corps pendant son laïus. Dire à Vaughn qu'il n'allait pas bien n'était pas utile du tout à son sens… Mais pour le reste, il le remercia d'un hochement de tête alors qu'il lui rendait son miroir. A nouveau, l'objet subit les tremblements de son propriétaire.

“Désolé…” finit par dire, penaud, le New-yorkais au peintre pour s'excuser de son agressivité. Il tenta de s'expliquer, forcer la parole, si difficile quand il était dans cet état émotionnel. Il s’enfermait dans le mutisme dans ces cas-là, ceux qui étaient proches de lui, le savaient et c'était encore pire pendant ses crises d'angoisse.

“Les détraqueurs… J'ai… j'ai pas… supporté. J'arrive pas… à me calmer. Mais ça… ça va aller. On est en sécurité. Rentre,... s'il te plaît... Je te... je te rejoins... chez toi… quand je peux.”

Fox mit finalement fin à la conversation sans plus s'étendre, ce simple effort avait épuisé le peu qui restait dans ses batteries. Il refusa le chocolat que lui proposa Max mais Manning insista.

“Mangez tête de mule ! Ca va vous faire du bien.”

“Vu mon état... c’est.... la crise de foie assurée.... pour que ça me fasse de l’effet…” railla Fox dans un murmure même s’il prit finalement la plaquette que lui tendait le restaurateur.

“Merci…”

Max adressa un gentil hochement de tête à ce remerciement. Bobby, lui, sourit en réponse. Pour que Fox se montre sarcastique, c’était qu’il y avait déjà du mieux.

“Ces choses, c’était quoi ? Qu’est ce qui s’est passé ?”

Piper avait rejoint ses beaux-enfants pour prendre de leurs nouvelles. Ce fut elle qui répondit à Phoebe.

“On les appelle des détraqueurs. Ce sont des créatures très malfaisantes qui se nourrissent des émotions positives, la joie, le bonheur, l’espoir... et dans les cas les plus extrêmes, de l’âme-même des gens par un baiser. Leurs pouvoirs annihilent les bons souvenirs et font rejaillir les pires, plus ils sont près ou plus ils sont nombreux. On sombre dans le désespoir à leur approche.”

Phoebe blanchit. Plus que tout autre, un détail l’avait choqué.

“Ils se nourrissent de… l’âme ?”

“Oui. Ils l’aspirent par une espèce de baiser. Ils retirent leur cagoule et emprisonnent les lèvres de leurs victimes entre leurs mâchoires. Après la personne est en vie mais n’est plus qu’une coquille vide. Ce qui faisait cette personne est irrémédiablement effacé. Heureusement on a les Patronus pour se défendre, les sorts qui prennent la forme d’animaux que vous avez vu. Des totems en quelque sorte.”

La jeune femme déglutit.

“C’est monstrueux… Mais je comprends mieux pourquoi je ne pensais plus qu’à mes parents et Vince… Mais si je vous suis bien... ”

Elle se tourna vers Dray, hésitant à dire ce qu’elle avait en tête. Fox ne soutint pas son regard, se concentrant innocemment sur le chocolat. Finalement c’était une bonne idée, au moins pour la diversion. Si on pouvait l’oublier… C’était sans compter son père et sa belle-mère… Simon aussi les avait rejoints.

“Qu’est ce qui s’est passé, Dray ?”

Pour une fois, le sexagénaire n’avait rien d’agressif dans la voix. Il n’y avait aucun reproche, juste le besoin de savoir. Mais Fox, absolument pas habitué aux approches neutres de son père et pas forcément en état de comprendre ce fait, lui décocha un regard incisif.

“Encore déçu... que... je fasse preuve... de faiblesse ?” souffla-t-il d’ailleurs. Cette provocation jeta un froid. Elle avait même cloué le bec du couple, de Phoebe et même de Max, tellement elle avait fusé du tac au tac, preuve de son sinistre naturel. Le malaise était palpable. Mais Simon eut l'intelligence pour une fois de passer outre en comprenant les a priori de son fils. Chat échaudé craignait l'eau froide. Le sexagénaire devait reconnaître qu'il avait la plus grosse part de responsabilités dans cette réaction au quart de tour.

“Non, j'aimerais juste comprendre.” répondit-il donc avec une certaine douceur, absolument pas habituelle entre eux. Dray en fut le premier surpris. Et en sentant les regards de Phoebe, Piper et son frère peser sur lui, le New-yorkais sut qu'il avait intérêt à garder ses rancœurs pour lui sur ce coup, s'il ne voulait pas passer pour le fils ingrat encore une fois. Il se força à adopter un ton aussi neutre que possible dans son état de nerfs :

“Laisse tomber… Trop… de mauvais souvenirs... et... plus assez de bons.”

Simon fronça les sourcils, peu satisfait de cette réponse trop évasive à son goût.

“J'aimerais bien savoir quels souvenirs ont pu te faire t'écrouler de douleur !”

Dray soupira entre lassitude et agacement. Il passa ses mains un instant sur son visage comme pour en effacer les expressions. Mais il se rendit compte dans la manœuvre qu'il en effaça surtout les traces humides de ses dernières larmes. Il comprenait mieux l'insistance de son père et celles silencieuses de sa sœur et de sa belle-mère.

“Hyde Park.” fut sa seule réponse et il espérait vraiment que cela suffise à satisfaire son paternel. Après tout, il avait assisté à sa toute première crise d’angoisse et elle avait été provoquée à ce sujet… Mais qu'est-ce qu'il avait aussi soudain à s'intéresser à lui, aussi ?!

“Ça fait presque cinq ans !” s'exclama malheureusement le sexagénaire incrédule. Dray serra les dents. Ils le fatiguaient mais tellement !

“Faut... croire... que... je l’ai toujours... pas digéré…” marmonna-t-il en finissant par se retourner dans le canapé pour tourner le dos à tout le monde et leur faire comprendre qu’il ne voulait définitivement plus communiquer avec personne. Mais Simon ne savait pas quand s’arrêter avec Dray, et ce qui ressortait comme de la mauvaise volonté de son fils à répondre commençait à l’agacer.  

“Et depuis quand tu ne sais plus lancer de Patronus ?! Tu étais tellement fier de savoir l’invoquer quand tu l’a appris qu’on a vu un renard argenté se balader partout dans la tour pendant une semaine !”

Seul le silence fut obtenu à l’évocation de ce souvenir mais Dray en déduisit que Piper avait vendu la mèche sur son incapacité… Cela n’arrangea pas son humeur. Ça le mettait suffisamment de travers d’avoir loupé son coup, pas la peine de remuer le couteau dans la plaie. Simon fixa Manning pour l’interroger silencieusement, pas dupe, c’était évident. Quand on était maître dans l’art des entourloupes et des faux-fuyants, on était difficile à tromper. L’explication de ce vieil événement ne le satisfaisait pas, pas après ce qu’il avait vu parce que ça dépassait largement ce à quoi il avait assisté presque cinq ans plus tôt lors de leur rencontre avec Drake. Mais le mercenaire se contenta de hausser les épaules avec désinvolture. Fox senior croyait réellement qu’il allait balancer quoi que ce soit ? A la place, il préféra contacter les Bakas Rangers pour les rassurer. Leurs montres devaient avoir signalé le danger et Dray était trop épuisé pour autant d’explications et de tranquillisation.

Ce fut bien plus tard, quand ils purent enfin rentrer, dans le parc de Poudlard, que Manning tenta de relancer le sujet. Il était un peu plus de minuit à présent et Dray avait heureusement repris un peu de couleurs, grâce au chocolat certes mais aussi aux cigarettes et aux deux verres de whisky pur feu bien tassés qu’il avait fini par prendre au fil de leur séquestration forcée. Mais depuis l’échange avec son père, il n’avait desserré les dents que pour demander l’alcool. L’Australien jugea qu’il ne fallait pas y aller par quatre chemins. Pour briser le mur de son patron, il décida de se montrer autoritaire pour changer. Ce qui était arrivé était grave et dangereux à plus d’un titre. Même s’il était occupé à repousser les détraqueurs, Bobby avait vu ce qui s’était passé quand l’une des créatures avait réussi à franchir la barrière. Si la galeriste n’avait pas eu la bonne réaction, Fox ne serait plus parmi eux.

“Je sais que ce qui s’est passé est inédit et que vous ne voulez pas en parler. Mais il le faut  pour être préparés à une éventualité similaire. Et si votre sécurité vous importe peu, pensez à celle de ceux qui vous accompagneront.” dit donc fermement le mercenaire.

Dray eut la sensation de se prendre une gifle à ces mots. Il s’arrêta brusquement. Pour lui, l’allusion à Curtis ne fit aucun doute. Manning fut surpris de son arrêt brutal. Ce ne fut que quand il vit le regard blessé et furieux de son employeur qu’il comprit ce qu’il avait sous-entendu sans le vouloir.

“Je ne faisais pas réf…”

Il fut coupé net par la colère de Fox, une de ces explosions soudaines :

“La ferme, connard ! C’était exactement ce que vous vouliez dire !”

Manning ne se formalisa pas de l’insulte mais il répondit avec autant de coeur et de fermeté :

“Non, vous n’étiez pas responsable ! Il est mort parce que cette maison était un piège. Je n’aurai pas agi différemment à sa place. Moi aussi, j’aurai donné mon accord pour récupérer les enfants.”

Cette réponse fit immédiatement taire l'Américain mais son expression témoignait que la pilule n'était toujours pas passée. Pour l'Australien, le raisonnement immédiat de son employeur était surtout la preuve, s'il en fallait une et elle n'était pas nécessaire, que ce dernier culpabilisait beaucoup trop.

“Je suis désolé. J'ai utilisé cet argument pour vous faire sortir de votre mutisme et vous convaincre de parler de ce qui s'est passé ce soir. Vous devez arrêter de vous reprocher ce qui s’est passé. Vous n'êtes pas responsable !” martela le mercenaire qui ne comptait plus les fois où il avait prononcé cette phrase. La seule réaction de Fox fut de chasser l'argument d'un geste, le signe évident du stop et de reprendre sa marche sans plus desserrer les dents. Bobby leva les yeux au ciel dans un soupir à moitié agacé, à moitié désolé. Mais il n'abandonna pas son idée. Il rejoignit en quelques pas son protégé.

“Vous aviez déjà eu à faire à ces saloperies ?”

Dray hocha positivement la tête, sombrement mais ne dit rien de plus. Manning comprit qu'il allait devoir lui faire subir un interrogatoire en bonne et due forme.

“Plusieurs fois ?”

Même hochement de tête avec en plus un geste de la main, index, majeur et annulaire levés.

“Et il y a longtemps ?”

“La dernière, c’était une semaine avant que je ne vous engage…” dit le New-yorkais sans donner de détails mais en sortant encore une fois son étui à cigarettes.

“Cette réaction extrême est la première, on est bien d’accord ?”

A nouveau, l’Américain se contenta d’acquiescer d’un vague mouvement de tête alors qu’il portait le poison à ses lèvres. Tout son paquet y était presque passé en une seule soirée… Mais Bobby avait besoin de détails pour comprendre l’étendue du problème.

“Comment ça s’est manifesté ?”

Le mercenaire attendit patiemment que son patron ait allumé sa cigarette et tiré quelques bouffées rapides.

“Au début, comme d’habitude… L’odeur de l’hosto où ma mère est morte qui envahit l’air, des souvenirs glauques qui s’accrochent, des sensations, les bruits fantômes du combat de Stuart… J’ai toujours été sensible à l’influence de ces pourritures.”

“Vous revivez vos souvenirs par échos sensoriels…”

Le trentenaire ricana méchamment :

“C’est ça, sauf que là, on a ajouté un cran au sordide.”

Cela ne fit pas rire Manning, lui. Avec ce qu’avait traversé son protégé le mois précédent, s’il revivait physiquement ses souvenirs, le mercenaire comprenait aisément ce qui avait pu se passer. Pas besoin de creuser plus loin. Il pensait déjà que la douleur chronique du PDG au ventre, fantôme des évènements de Hyde Park était un symptôme d’un syndrome post traumatique. Si on ajoutait une séance de torture par de multiples Doloris et la culpabilité de la mort de Curtis et sans doute des deux mangemorts (dont un de sa main….), cela avait été explosif… Mais il restait un détail de taille à aborder.

“Et le patronus ?”

Là, Bobby vit Dray se raidir, déglutir et se taire encore. A nouveau, la cigarette fut le seul sujet visible de l'intérêt de l'Américain. Et puis finalement, il dit avec amertume.

“Ça faisait un bail que je l’avais pas lancé…”

Manning avait bien conscience qu’il y avait un malaise autour de cette absence de patronus. Fox s’était encore plus assombri et pourtant, il y avait du level à voir sa tête jusque là. Mais il fallait bien diagnostiquer le problème…

“D’habitude, vous pensez à quoi ?”

Silence à nouveau. Et cette fois, il fut de ceux qui voulaient mettre fin à une discussion. Les deux hommes étaient à présent à quelques mètres de l’entrée. Manning insista.

“Dray, à quoi pensiez-vous ?”

“Quelle importance puisque ça ne fonctionne plus ?” cracha Fox. Il n’avait vraiment plus envie de s’étendre sur la soirée, encore moins sur cette question précise et il voulait surtout que Manning le lâche. Mais c’était mal connaître l’obstination de l’Australien si l’Américain espérait qu’il abandonne.

“Justement, pour tenter d’y remédier et trouver autre chose de plus puissant !”

Fox fut pris d’un rire sans joie mais répondit avec morgue.

“Laissez tomber, c’est foutu ! Plus puissant que les Bakas, c’est Vaughn et plus puissant que Vaughn, il n’y a pas ! Et j’ai essayé les deux !”

Le mercenaire haussa les sourcils, étonné de cette confidence intimiste. Enfin, le peintre n’était pas le meilleur ami de son employeur pour rien alors après tout, c’était plutôt logique.

“Pourquoi cela ne suffit plus ?”

“Bonne nuit, Manning ! Je ne bougerai sans doute pas de Poudlard du week-end.” se contenta de répondre Fox d’un ton plus que glacial en grimpant les escaliers du perron pour ranger son mégot dans son étui et franchir la porte sans plus se retourner. Il n’acceptait pas une question de plus, c’était évident.

Mais en montant les étages, il repensa à cette question. Elle était là, encombrante et pesante. Dray la ressassait depuis que le chocolat et son premier whisky lui avaient remis les idées à peu près à l’endroit.  

La dernière fois qu’il avait rencontré des détraqueurs, c’était peu de temps avant d’engager l’équipe de Manning. Une de ses virées en moto l’avait entraîné dans un coin reculé du pays, un hameau déserté, particulièrement déprimant, une ancienne cité minière vidée de ses habitants depuis longtemps. La nuit était tombée. L’Américain s’était arrêté pour demander son chemin au pub du coin mais alors qu’il descendait de moto, ils lui étaient tombés dessus. Ils n’étaient que deux heureusement. Les souvenirs étaient montés de la même façon et la douleur dans son flanc droit avait été fulgurante. Mais il était resté lucide. Et il avait suffi qu’il pense à ses moments avec Vaughn pour faire apparaître son patronus. Avant ça encore, lors de sa mauvaise rencontre précédente, quand il ne connaissait pas encore son compatriote, cela avait été les bakas. Et la première fois, à New-york, la solution avait été Karine. Cela avait été simple...

Presque cinq ans plus tard, la donne avait changé… Mais en quoi ? Ce qu’il avait dit à son père ? Trop de mauvais souvenirs et plus assez de bons ? Ou en tout cas, plus assez forts pour équilibrer le poids de ce qu’il avait vécu de pire… Oui mais. Mais il y avait autre chose. Pour les Bakas, l’explication était validée. Pour le peintre, par contre… Il l’aimait, il n’y avait rien de plus puissant que ce sentiment en théorie alors qu’est-ce qui se passait ? Fox n’avait pas atteint le quatrième étage qu’il avait la réponse à sa question. Il le savait déjà dans le parc, raison de son refus de répondre. La frustration… Elle s’était installée au fil des années, ses sentiments sous clé depuis trop longtemps, le New-yorkais ne pouvait plus le nier et cela entachait ses souvenirs… Alors face à autant de détraqueurs et de souvenirs désastreux, ça ne pouvait plus faire le poids. Mais ce n’était certainement pas la seule raison. Pour pouvoir invoquer un patronus, il fallait croire sincèrement en la légitimité et la justesse de ses actes. Et depuis ce qui s’était passé au Pré au lard, Fox était très loin de cet état de grâce… On lui disait qu’il avait été en légitime défense, dans son bon droit en quelque sorte, mais lui savait. Il avait visé la gorge délibérément et il avait retiré son arme improvisée de la chair de celui qui l’avait torturé et qui l’étranglait de la même façon. Dans le feu de l’action, il avait voulu le tuer et il l’avait fait. Il avait peut-être des circonstances atténuantes mais cela restait un homicide. La souris, elle, n’aurait pas dû mourir. La gamine ne méritait pas une telle sentence. Il n’avait pas pensé à une chute mortelle à cause de sa baguette mais c’était arrivé. Sa baguette avait tué une môme. Et c’était lui qui avait lancé l’idée d’aller chercher les petits, lui qui avait mené Curtis à sa mort. Les gamins seraient morts sans leur intervention et il se serait senti coupable de pas être allé les récupérer ? Oui. Il n’y avait donc pas d’issue. Dans tous les cas, il était coupable de quelque chose.


[Petite suite par ici ! ^^]
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MessageSujet: Re: Rencontre désagréable...   Rencontre désagréable... Icon_minitimeLun 10 Fév 2020 - 14:58

Posons le décor. Vendredi 14 février. 11 heures 30 am. Un café de la capitale, le Common E2, qui extérieurement ne payait pas de mine avec sa petite devanture noire dans son bâtiment en briques rouges mais qui révélait un intérieur tout en longueur moderne, une parfaite ambiance design studio blanche et noire avec ses longues appliques de métal au plafond et ses façades vitrées à l’avant comme à l’arrière. Au centre, dans un milieu lumineux et contemporain, des tables toutes en longueur où des groupes de gens, étudiants, jeunes actifs ou architectes (maîtres des lieux véritablement), travaillaient en co-working sur leurs ordinateurs portables ou discutaient, la plupart avec des tasses généreuses et près des murs, des petits espaces pour les solitaires.

Installé à une petite table dans le fond, un sexagénaire en costume Armani faisait un peu tâche dans le décor. Il était arrivé dans la place depuis un quart d’heure et s’était fait servir un café. Peu à l’aise, il observait les lieux et les gens avec circonspection. Cette ruche d’activité, cette façon de faire, d’aborder le travail lui était totalement étrangère. Il était de la vieille école. Mais visiblement, à sa manière de regarder sa montre de temps en temps, il attendait quelqu’un.

Et ce quelqu’un arriva. La trentaine, il ressemblait beaucoup à l’homme qui attendait. Sa tenue tranchait avec celle de ce dernier par contre. Un jean noir avec ceinture de cuir à la boucle en argent, un large pull en coton fin gris anthracite, un long manteau de cuir ébène qui descendait jusqu’aux chevilles, des mitaines de cuir, une écharpe de coton couleur argile, des dock martins, elle surprit le plus vieux.

Il observa le nouveau venu parcourir la salle du regard, s’arrêter sur lui avec une expression froide, remettre son masque hâbleur habituel pour parler quelques minutes avec le propriétaire (et qui aurait tendu l’oreille aurait perçu l’accent de New-york) et lui donner une liasse de billets de 50 livres avant de le désigner, lui, du doigt et de s’approcher de sa table la mine à nouveau sombre. Clairement, il n’était pas heureux d’être là. Le sexagénaire décida de parler le premier sans attendre, dévoilant le même accent.

“Bonjour Dray. Comment vas-tu ? Vu ta tenue, je déduis que tu ne travailles pas aujourd’hui.”

C’était ça qui avait surpris l’homme. Et clairement, sa voix faisait montre de ce sentiment et de curiosité, aucunement de reproche même si le trentenaire sembla le prendre ainsi.

“Je dois prendre dix jours dans l’année en bossant quasiment 7 jours sur 7, j’ai deux ans de congés à prendre si je le voulais, alors commence pas.” riposta-t-il, agacé, en s’asseyant, face à son interlocuteur. Interlocuteur qui émit un soupir las devant cette agressivité déclarée.

“Ce n’était pas une critique, et c’est justement parce que c’est un fait rare que je suis surpris. Mais passons…”

Cette déclaration et ce soupir semblèrent surprendre le plus jeune qui hésita alors sur sa manière de se comporter. Il décida de ranger les armes mais de rester méfiant alors que le sexagénaire continuait.

“Merci d’avoir accepté mon invitation. Original, cet endroit. Je ne te savais pas adepte du co-working. Mais des centaines de livres, c’est cher pour un café.” essaya-t-il d’embrayer maladroitement, en faisant remarquer qu’il avait vu son manège avec le propriétaire alors que justement ce dernier apportait une grande tasse de café noir au dénommé Dray, en l’appelant par son nom, preuve qu’il était un habitué, qui le remercia cordialement avant de répondre, faussement indifférent.

“Ce sont pour les cafés et les repas suspendus. Et tu sais que c’est Dorian et Phoebe que tu dois remercier.”

“C’est déjà fait. Les cafés suspendus ?”

Visiblement, le concept était inconnu du plus âgé, ce qui sembla irriter le trentenaire qui prit quand même le temps de lui expliquer.

“Tu payes des cafés et des portions de nourriture en plus, réservés aux sans domicile fixe.”

L’homme sembla gêné pour le coup.

“Oh…”

Ce laconisme fit ricaner méchamment Dray, peu enclin à laisser passer cette soudaine gêne et cette ignorance qu’il trouvait consternantes à plus d’un titre.

“Oh, comme tu dis. J’ai toujours été étonné de voir à quel point la misère rendait les plus puissants mal à l’aise.”

Touché. L’homme au costume trouva soudain très intéressant de se plonger dans sa tasse de café, ce qui permit à l’autre de prendre la main dans la discussion, sèchement.

“Bon, on va arrêter la comédie tout de suite. T’es clairement pas à l’aise dans le rôle du paternel qui invite son fils boire un innocent café et je ne veux toujours pas te parler. J’ai accepté cette entrevue parce que Dorian me tanne depuis Noël, et c’est encore pire depuis le Nouvel an, soit disant que c’est super important, et que visiblement, vous avez persuadé Phoebe de faire les choeurs depuis l’anniversaire de la petite. Et ils me fatiguent ! Alors dis-leur de me lâcher parce que sinon, va y avoir de la casse même si je les aime. Ils ne veulent visiblement pas comprendre et Piper et toi êtes derrière tout ça. Alors je te le dis, ça suffit !”

Le trentenaire avait littéralement sifflé les trois dernières syllabes. L’avertissement et la menace étaient on ne peut plus clairs. Simon et Dray Fox autour d’une même table, impossible que cela se passe en douceur, même si le premier le désirait depuis quelques temps…

Simon leva d’ailleurs la main en signe d’apaisement et de l’autre insonorisa très discrètement la table par en dessous.

“J’ai eu ce que je voulais, tu es là. Je leur parlerai. Mais puisque tu es venu et que tu as choisi l’endroit, très public afin d’éviter les conversations trop privées, prends au moins le temps de boire ton café. Il est excellent, ce serait dommage de le gâcher. Dray, je sais pour le Pré au lard.”

En effet, ayant eu l’accord de son père d’arrêter les deux pots de colle qui lui servaient de frère et soeur dans ce qu’il jugeait tenir du harcèlement, et n’ayant rien d’autre à dire à son géniteur, Dray s’était déjà levé, prêt à partir. Mais les mots de son père, une véritable bombe, l’arrêtèrent net, comme s’il lui avait tiré dessus. Livide, il se rassit en voyant les yeux interrogatifs du propriétaire sur lui, surpris de le voir vouloir repartir à peine arrivé et stopper brutalement. Son malaise, qui tenait entre anxiété panique et colère se ressentit dans sa manière de se tenir, de trois quarts, au fond de sa chaise le plus loin possible de la table, un bras sur le dossier, clairement prêt à se relever à la moindre alerte.

“Impossible ! C’est sous le sceau du secret !”

“Je sais, Dorian me l’a dit quand j’ai voulu l’interroger. Ton frère n’a rien dit d’autre, je te l’assure ! Il a refusé catégoriquement. Et de toute façon, il m’a expliqué qu’il ne savait pas exactement ce qui s’est passé.”  s’empressa de préciser Simon en voyant la colère et l’offense briller dans les yeux de son aîné. Il continua en le voyant s’apaiser un peu à cette information.

“Et pourtant, j’ai reçu anonymement une copie du dossier, au Nouvel An. Dorian était présent, c’est pour ça qu’on en a parlé, du moins que j’ai essayé, mais je ne l’ai pas laissé prendre connaissance du dossier, ne t’inquiète pas. Le lendemain, je suis allé voir mes contacts du ministère pour comprendre. Le gardien du secret a “disparu” entre les deux fêtes. On a retrouvé grâce à un mystérieux informateur son corps le matin même de ma visite, torturé, la marque au fer rouge sur le visage.”

Dray, qui jusque là, laissait son père dérouler les informations en rongeant son frein, comprit alors, blème.

“Il aura parlé ou alors sa mort a rendu ceux dans le secret gardiens à leur tour et l’un d’entre eux aura trahi.”

“C’est juste. Ton affaire n’est qu’une parmi d’autres à avoir été ébruitée et elle n’était pas la cible, d’après mes contacts, juste un bonus. Grâce au tuyau, un nouveau gardien a été désigné immédiatement pour que les secrets ne se répandent pas davantage mais le mal est fait. Il n’y a pas qu’à moi qu’on a envoyé le dossier. Un ami journaliste m’a prévenu, j’ai réussi à convaincre le rédacteur en chef de l’inutilité de publier ceci.”

Simon sortit alors de sa poche un article, clairement de la Gazette, qui racontait comment un homme d’affaires réputé pro moldus avait tué un mangemort lors d’un affrontement à mort et comment on avait étouffé l’affaire. Dray serra les dents. C’était une manière de voir la vérité… Inutile de demander de quel côté était le polémiste.

“Grâce à ce tuyau tombé du ciel qui a permis de colmater rapidement les fuites et à mon contact, on a pu éviter la publication. L’auteur de ce torchon a dit avoir eu les informations lui aussi anonymement. Par contre, moi, avec le dossier, j’ai reçu ceci. Dorian s’est senti un peu mal en la voyant.”

Simon glissa alors sur la table une photo de la Serpentine Gallery. Evidemment, le coup était signé Drake. Fox aurait pu le parier. L’Américain était apparemment l’un des jouets préférés du Canadien. Une chance qu’il se soit contenté de la Gazette et de son père ! Il aurait pu faire bien plus de dégâts s’il l’avait voulu. Là, c’était juste pour lui mettre un coup de pression et se rappeler à son bon souvenir. N’oublie pas que je peux ruiner ta vie si je le veux. Si on ajoutait la lettre du vernissage de Vaughn, il devait pas mal s’ennuyer, ces derniers temps…

Le New-yorkais avait serré les poings à s’en faire mal, les jointures blanchies, et était trop occupé à essayer de maîtriser sa respiration pour répliquer. D’autant qu’il n’y avait pas grand chose à dire. Et devant le mutisme de son fils et son attitude corporelle carrément rigide, Simon crut bon d’ajouter :

“C’est bon Dray, la situation a été maîtrisée. Mais il fallait quand même te mettre au courant. Mais j’ai demandé à ton frère de ne rien te dire de tout ça. Et il serait temps qu’on en parle, non ? Tu as failli te faire tuer et je l’apprends un an et demi après ! Tu m’avais déjà fait le coup avec l’accident de moto et… ”

Le New-yorker souffla finalement, crispé et las.

“Et quoi ? Tu sais, bon et alors ? Ca doit changer quoi entre nous ? Je t’en dois encore une ? T’es encore loin d’avoir payé ta dette ! Pourquoi vous ne pouvez pas me foutre la paix, tous ?! Je ne demande pourtant pas grand chose. C’est quoi, cette nouvelle obsession ?” protesta-t-il finalement, soudain abattu. Simon constata alors que Dray avait eu juste assez de hargne pour les premières minutes de leur rencontre, le temps de dire ce qu’il avait à reprocher à ses cadets et se barrer. C’était déjà pas la forme mais là, il venait de le mettre à terre.

Et c’était facile à faire, surtout ce jour-là. La saint Valentin n’était pas du tout un jour de fête pour le New-yorker, déjà. Ensuite, il n’avait en plus pas dormi énormément. Il avait passé la soirée avec la bande pour changer, parce qu’ils le lui avaient demandé gentiment, prétextant à juste titre qu’il était distant depuis des mois. Il n’avait pas vraiment remarqué le changement, lui. Mais il n’en restait pas moins vrai… Et se retrouver, ils en avaient tous eu besoin. Pour Thalie et Matt, la vie était difficile depuis la perte de leur bébé, Tetsu en pleine carrière, Seiki pris par ses gardes à l’hosto et lui qui se tenait en retrait, passant bien plus de temps avec Vaughn uniquement… On pouvait comprendre que Kain, Tetsu et Ren aient voulu remettre un peu de déconnade et de rires dans tout ça, et quoi de mieux que la veille de la Saint Valentin (puisque les deux couples avaient des projets pour le lendemain) ? Ils s’étaient tous retrouvés dans la salle sur demande, moment de nostalgie parce que c’était ce qu’ils faisaient du temps de leurs études pour se retrouver et faire la fête entre eux. Et ils avaient fini par tous s’endormir sur place, tard dans la nuit, ce que Dray n’avait pas prévu. Ce qui signifiait qu’il n’avait pas pris son traitement. Et sans doute parce qu’il était conditionné par cette putain de Saint Valentin, parce qu’il ne dormait pas dans un lieu habituel et avec d’autres que Vaughn, ce qui faisait un bail que ce n’était pas arrivé, ses rêves tournèrent autour de l’artiste. En gros, ils s’engueulaient, Fox lui disait qu’il l’aimait, Xander le quittait, genre largage brutal, et se faisait torturer et assassiner juste après par Strange, sa némésis. Et bien sûr, le peintre, version cadavre pas très frais et sanguinolent, l’accusait d’être responsable et d’avoir tout gâché notamment en ouvrant sa gueule. On vous épargne les détails du meurtre, façon boucherie tant qu’à faire. Ce fut Seiki qui le réveilla. Visiblement, il s’était mis à crier dans son sommeil (tu m’étonnes…). Et si ça ne suffisait pas, avec ce qu’il venait de se manger, vous vous imaginez bien que c’était pas détendu du tout mais plutôt avec une putain de crise d’angoisse à la clé. Fort heureusement, Sei eut la bonne idée de lancer un maléfice du feu hypnotique sur la cheminée. Hypnotisé par les flammes, enfermé dans les bras de Seiki qui le berçait tant physiquement que de paroles, il réussit relativement rapidement à se calmer. Mais si jusque là, il avait réussi à plutôt bien dissimuler à la bande qu’il vrillait, là, il s’était complètement grillé en mettant en gros tout le monde un peu en panique… Joie ! La conversation qui suivit (mais pourquoi tu ne nous as rien dit, baka ?!) mais où Dray refusa d’entrer dans les détails (non ça va pas, oui je suis en pleine dépression et en plein syndrome post traumatique mais je ne peux pas dire pourquoi, oui je me soigne mais j’ai oublié de prendre mes médocs, hier soir, point.) ne fut pas forcément super agréable non plus. Et enfin, Fox sortait de chez sa psy, là. A l’origine, ça n’avait pas été prévu ainsi mais elle avait dû décaler ses rendez-vous. Dray avait fait l’erreur de croire qu’il pouvait assumer celui-là et celui de son père dans la foulée, malgré sa nuit. Ah oui, on est d’accord, il y a des jours de merde comme ça...

Simon ignora les questions de son aîné qui étaient plus rhétoriques qu’autre chose, ils le savaient tous les deux.

“C’est pour ça, la psy et les NA ?”

Dray hésita longuement mais finalement, eut un seul et unique hochement de tête positif en prenant sa tasse de café pour en boire une bonne dose. Au point où il en était, autant cracher le morceau. Peut-être qu’après, son père le laisserait enfin tranquille.

“Ton erreur ?”

Simon faisait évidemment référence à ce qui l’avait mené au vernissage de Vaughn, juste avant les fêtes.Et là encore, le ton de l’ancien homme d’affaires était étonnamment posé et considéré, se préoccupant réellement de son fils.

“Je dormais plus depuis des semaines…” prononça simplement Dray, faiblement, honteux de devoir avouer à son paternel jusqu’où il était tombé. Mort de fatigue, ses pensées perpétuellement parasitées par tout ce que les détraqueurs avaient fait remonter, il avait littéralement oublié de signer les demandes de construction et cette visite de l’inspection du travail sur ses chantiers. Simon ne put cette fois cacher la stupeur qu’il ressentit à cette donnée. Dans ces conditions, ils avaient eu de la chance de n’avoir eu que cette affaire de parc industriel à rattraper !

“Et c’était ça aussi, ta réaction aux détraqueurs…” conclut le sexagénaire, sombrement. Tout lui paraissait beaucoup plus clair à présent.

“S’il y avait eu que ça…” murmura cette fois amèrement Dray en cherchant refuge dans sa tasse de café.

Simon fronça les sourcils, mélange d’inquiétude et de questionnement, à cette déclaration laconique mais préféra ne rien ajouter. C’était déjà un miracle d’avoir obtenu si peu, il s’en rendait évidemment compte.

Un long silence s’installa entre le père et le fils, tendu mais pas agressif, ce qui était déjà un changement en soi dans leur relation. Et étonnement, ce fut Dray qui le rompit.

“Merci.”

Le New-yorker avait conscience qu’il devait au moins ça à son géniteur, sur ce coup. Voir toute l’histoire dans la presse et devoir se battre contre ça, il en aurait été incapable dans l’état actuel des choses. Simon fut surpris mais il cacha surtout la satisfaction qu’il ressentit.

“Je t’en prie.”

A nouveau le silence. Les deux hommes étaient décidément moins prolixes quand ils ne se balançaient pas des reproches et des injures à la tête. Au bout de leur tasse de café, cette fois, ce fut Simon qui reprit la parole.

“Merci à toi d’avoir abandonné ton idée de torpiller Piper.”

Fox avait en effet promis de faire payer la galeriste pour avoir utilisé Vaughn afin d’organiser une rencontre entre le père et le fils. Et ce qu’il promettait, il le faisait généralement assez rapidement. De nombreux ennuis juridiques et fiscaux étaient tombés sur les différentes galeries durant le mois de janvier, et puis plus rien, aussi subitement que ça avait commencé. Les charges avaient disparu du jour au lendemain ou presque. Dray haussa un sourcil et ricana même dangereusement.

“Je ne l’ai pas fait pour vous.”

Simon se montra étrangement tolérant face à cette attitude à nouveau contestataire et se contenta d’un laconique :

“Je sais. Pour ton frère.”

“Il m’a carrément supplié. Mais tu diras à ta femme que je n’oublie pas pour autant et que si l’occasion se présente gratuitement, je n’hésiterai pas.”  

Simon soupira à nouveau. Les chats ne faisaient pas des chiens. Quand un Fox avait une dent contre quelqu’un, il ne lâchait pas son os facilement.

“C’était la seule manière de te voir. Tu as interdit à Dorian et Phoebe de te parler de moi, tu as refusé toutes les approches. Tu as été jusqu’à me rendre persona non grata à la tour et même à Poudlard, je ne peux même plus m’en approcher à moins de cinquante mètres.”

Ah ça, le PDG avait bien cadenassé les choses, il l’admettait volontiers.

“Je pensais que comme ça, le message était assez clair.” ironisa-t-il en reposant une dernière fois sa tasse de café, avec l’envie très forte de fumer une cigarette. Simon, lui, essaya encore de tempérer les choses.

“Piper n’a fait que me prévenir que je te trouverais au vernissage, c’est tout.”

“C’est trop.” répliqua Dray vertement. “Elle n’aurait pas dû s’en mêler. Elle savait qu’elle risquait d’y perdre des plumes, c’est pas nouveau c’t’affaire alors épargnez-moi les violons.”

“Elle essaie de bien faire et de réunir la famille, il n’y a aucun mal à cela.” répliqua sévèrement Simon. “Elle ne méritait en tout cas pas ce que tu lui as dit.”

Dray souffla d’impatience et de colère en constatant que le débat sur la famille était reparti. Il l’avait bien dit qu’il en ré-entendrait parler !

“Je n’ai dit pourtant que la vérité de mon point de vue. Ma famille, c’est Dorian, Phoebe, Zoë et mes amis. Point. Et c’est à toi que je le dois. Quand allez-vous comprendre qu’on ne peut pas réparer ce qui est brisé et qu’on ne peut rien construire sur du vide ?”

Et pour le coup, le trentenaire ne parlait pas que de sa relation avec son père et sa belle-mère mais de lui-même aussi… Simon ne fut pas d’accord avec cet avis tranché et puisque le ton n’était pas encore monté, autant continuer à essayer de discuter.

“On peut assainir, combler le vide et construire quelque chose de neuf. J’ai bien réussi à le comprendre alors pourquoi pas toi ? Encore faut-il que tu veuilles bien arrêter de nous détester et de nous fuir.”

Dray riposta du tac au tac avec son sarcasme coutumier. Il lui fallait définitivement une cigarette parce que tout ça le gavait !

“D’accord, alors repose-moi la question dans trente cinq ans, je crois que c’est le délai de maturation chez les Fox.”

À cette pique bien plantée, Simon retint une grimace de dépit qu’il ne contint plus du tout quand son fils continua très sérieusement.

“C’est toi que je déteste. Pour Piper, je ne ressens rien. Du moins, quand elle reste à sa place, place que je lui ai simplement rappelé parce qu’elle a un peu trop pris ses aises depuis l’arrivée de Phoebe.”

Puisqu’il faisait clairement face à une impasse, Simon décida d’attaquer le problème sous un autre angle.

“D’accord, disons que Piper a été trop loin, que pense ta psy de ta haine envers moi ?”

La question, calme et éclairée, cloua Dray. Il était évident que Simon Fox était un sujet qui venait régulièrement sur le tapis de sa thérapie. Il ne s’était pas attendu surtout à ce que son père annonce le fait aussi posément.

“Elle n’en pense rien, ce n’est pas son job d’avoir une opinion.” tenta de tacler le New-yorkais pour ne pas s’y confronter davantage.

“Merci, je sais ce que fait un psychiatre, Dray. Tu sembles oublier qui était ton grand-père.”

Fox tiqua encore une fois. Décidément, son père avait décidé de le prendre à contre-pied.

“Je n’ai rien oublié. Par contre, je suis surpris de le voir accolé à psychiatre, surtout vu ta manière de m’élever !”

Simon se renfrogna sous l’accusation et surtout le souvenir qui y était rattaché. Mais s’il voulait que Dray accepte enfin un rapprochement, il allait bien falloir qu’il lâche du lest de son côté…

“Contrairement à toi, je n’ai pas eu le courage de chasser mes démons. Je n’ai fait que quelques séances à la mort de ta mère avant d’abandonner. Mais donc, j’ai été confronté à cette même question.”

A cette information nouvelle, Dray s’exclama en colère sans vraiment savoir exactement pourquoi :

“Alors je te la retourne ! Tu dois pouvoir comprendre que je ne veux plus rien avoir à faire avec toi !”  

“A la différence près que mon père est mort avant que je puisse régler quoi que ce soit avec lui. Je n’ai pas eu le choix, contrairement à toi.” répliqua le sexagénaire, sans se départir de son calme, à croire qu’il s’était lancé un sortilège pour rester zen. Ce n’était pas le cas du trentenaire…

“Tut tut ! Je t’arrête tout de suite, mon choix est fait mais tu ne veux pas l’accepter et tu veux m’imposer le tien encore une fois ! Cette discussion ne mène nulle part !”

“Au contraire, nous n’avons peut-être jamais autant parlé sainement.” rétorqua Simon avec un sourire que Dray trouva particulièrement exaspérant. Il reprit toutefois sans plus de taquineries :

“Dray, tu ne peux pas vivre perpétuellement dans la colère, crois-en mon expérience.”

“Ça t’arrangerait bien pour une raison qui m’échappe totalement ! Qu’est-ce qui te prend, bon sang ?! C’est quoi le piège ?”

“Je viens de te le dire. Il n’y a aucun piège, même si tu es en droit d’en douter vu nos contentieux.”

Fox hallucinait. Voir son père ainsi, philosophe et pondéré, ça lui foutait les nerfs d’abord et en plus, ça lui foutait les jetons. Sincèrement. C’était comme voir un détraqueur vous offrir des fleurs.

“C’est pas vrai, t’es sous mauve douce, je vois que ça. En tout cas, merci de l’admettre ouvertement !”

“Admettre quoi ?” demanda Simon qui rata un épisode, amusé réellement par l’allusion à la drogue.

“Que tu as été avec moi un putain de connard d’enfant de salaud !” invectiva son fils, pas décidé à collaborer et à faire preuve d’autant de retenue que son père mais par contre bien décidé à lui rappeler le haut niveau de “contentieux”. Et pour la première fois depuis le début de leur entretien, Simon Fox montra un signe de colère en serrant les mâchoires. Touché.

“L’insulte était superflue mais le propos est juste.”

“Superflue ? Tu veux que je te fasse la liste de toutes les insultes superflues que tu m’as balancé ? Pianiste minable ? Déception ? Sale morveux ? Merdeux ? Petit con ? Echec de ta vie ? Pitoyable camé ? Raté ?”

Simon baissa la tête sous le flot. Encore touché. Mais là ce n’était pas de colère qu’il serra les dents mais bien de honte. Il préféra interrompre la liste car Dray en avait encore visiblement sous la semelle.

“Ça va, ça va. Tu as raison…”

Fox obéit mais avec un léger sourire mauvais et victorieux scotché aux lèvres. Il poursuivit donc ce qui n’était rien d’autre qu’un début de règlement de compte. Puisqu’il voulait qu’ils parlent, ok, très bien, son géniteur ne serait pas venu pour rien. Pas faute de son côté d’avoir essayé de garder ses distances, le sort en était témoin.

“Le pitoyable camé et ses dérivés, je te les accorde. Mais toutes les autres, j’ai juste envie de te les faire bouffer et te regarder t’étouffer avec ! Et je ne te parle même pas du reste qui est pourtant l’essentiel ! Et tu te pointes en mode… sage sur la montagne... avec ta philosophie de vie à la con en croyant sincèrement que je vais marcher dans la combine ? T’es sérieux ? Tu te rends compte de l’ineptie de la situation ?”

Les mains de Dray parlaient autant que lui, expressions de la colère qui bouillonnait. Simon, lui, remerciait intérieurement son sortilège d’insonorisation et chercha quelque chose à répondre à cela.

“Je suis sérieux oui. Parce que, justement, j’ai pris conscience du mal que je t’ai fait et qu’il faut en parler pour guérir, il n’y a pas d’autre moyen.”

Fox ne fut pas du même avis, on s’en doute. Sa répartie fut sarcastique à souhait par contre.

“On parle de guérir toi ou moi ? Parce que si c’est moi, si, il y en a un ! T’as échappé à la taule mais je ne désespère pas de me venger pour autant !”

Simon fut pour le coup faraud et se retint difficilement de sourire.

“Ah oui, il y a ça aussi. Je me doutais bien que tu ne l’avais pas plus digérée que les autres celle-là.”

Ce qui évidemment fit rager son fils…

“Et t’en es fier en plus ! Au moins ça m’a rappelé que la justice est très surfaite. Je le savais pourtant, j’en ai bien profité moi aussi. J’ai été con de l’oublier et de me bercer d’illusions. Mais je trouverai bien autre chose, j’ai déjà réussi à te virer.”

“Je ne vais pas être désolé de ne pas vouloir vivre ma vieillesse en prison et de surcroît, en effet, justice ne veut pas dire grand chose. Celle de l’un n’est pas forcément celle de l’autre. Et il est en effet bon de te rappeler que tu as normalement un casier judiciaire plus chargé que Stuart où tu t’en es par ailleurs très bien tiré.”

Notamment escroqueries, vols de voitures et possession de drogues avec intention de la revendre. Là, ce fut au tour du père de river le clou de son fils avec ironie. Cette vérité-là, le New-yorker ne la connaissait que trop bien, hélas. Stuart le poursuivait pas mal de nuits. Et cela amenait à un autre problème du point de vue de Fox. Et si le silence qui s’imposa entre les deux hommes fut pesant, il ne fut rien par rapport à ce que Dray déclara sourdement, d’une voix presque étouffée.

“Oui, en ça, tu es meilleur que moi. Tu n’as tué personne.”

Surpris par cette soudaine direction, revirement saisissant de situation, et le ton de son fils qui tranchait avec sa verve jusque là, l’ancien PDG ne sut pas trop quoi en faire, d’autant plus que ce n’était pas ce qu’il avait voulu dire. Mais il distinguait quand même ce que sous-entendait douloureusement son aîné. Il resta pensif quelques instants avant d’énoncer gravement.

“Pas de ma main, non, mais par ricochet, si. J’aurai pu éviter l’accident d’avion par exemple. Mais toi, ce qui s’est passé au Pré au lard, tu ne pouvais pas l’éviter.”

Fox fixa le fond de sa tasse sombrement. Son père devait normalement être la dernière personne avec qui il aurait voulu parler de ça et pourtant, il se surprit à murmurer.

“C’est ce que tout le monde semble vouloir s’accorder à me dire. Mais ce n’est pas ça... Ce n’est pas une question de savoir si j’aurai pu l’éviter. C’est celle que j’ai voulu le tuer. Comment tu fais pour vivre avec ça, savoir que tu es responsable de la mort de quelqu’un ?”

Cette fois, la question n’était pas une attaque, elle était parfaitement sérieuse et demandait sincèrement une réponse honnête. Cette question, finalement, Dray ne pouvait la poser qu’à son père, dans tout son entourage, aussi dissonante soit cette option. Kain, encore, peut-être mais connaissant l’auror, il avait dû réussir à éviter une telle extrémité. Simon soupira, ennuyé de ne pas savoir quoi répondre dans l’immédiat. Dray était tellement différent de lui sur ce point de caractère. Il devait son empathie et sa probité à sa mère. Fox Senior prit sérieusement le temps de la réflexion parce qu’il sentait qu’il devait vraiment taper juste pour que cet instant devienne le pivot de cette paix qu’il cherchait à installer entre son fils et lui, et plus généralement pour le bien même de Dray qu’il voulait sincèrement cette fois.

“Tu ne peux pas réécrire le passé. Refaire l’histoire avec des si et imaginer un futur qui n’existera pas, c’est te torturer inutilement. Il ne te reste qu’une option, laisser les morts derrière toi et continuer. La vie et la mort sont des loteries. Si on parle des victimes de Stuart, tes choix ont eu l’impact que l’on sait, très bien. Mais sans ces choix, elles seraient mortes autrement. Accidents, maladies, meurtres… La mort par vieillesse dans son sommeil, sans souffrance, ce n’est qu’une faible minorité. Elles auraient pu faire et vivre de belles choses encore ou au contraire gâcher leur existence et celles d’autres. Devenir alcooliques, taper sur leur conjoint et leurs gosses, entraîner la mort d’autres, pourquoi pas. De surcroît, combien de si qui ne sont pas de ta responsabilité auraient pu changer toute leur histoire, en les sauvant ou en les tuant plus vite ? Il y a des centaines de facteurs différents qui conduisent à un évènement ! La mort est un hasard malheureux, c’est triste, mais il faut faire avec. Quant à l’homme que tu as tué, il l’a mérité.”

Jusque là, Dray était resté silencieux, écoutant simplement avec attention la façon de voir de son père, sans parti-pris. Il était sincèrement en quête de réponses et même s’il avait de nombreuses dissensions avec lui, il en était arrivé à un point où toutes les leçons étaient bonnes à prendre et à méditer. Et le pragmatisme de Fox Senior était une manne dans ce cas-là. Droit au but, réfléchi et sans sentiment dans la balance. Mais quand Simon fut aussi catégorique sur le cas du mangemort, son fils hocha la tête vigoureusement, évidemment en désaccord, tout en montrant des signes de profonde fatigue. Ca faisait des mois qu’il ressassait les mêmes données…

“Je l’ai égorgé comme on saigne un porc. Et ce n’était pas un accident, c’était exactement ce que je voulais faire. Personne ne mérite ça.”

Simon se montra étonnement compréhensif et défendit avec énergie son aîné. Voir son fils aussi atteint ne le laissait pas indifférent. Dommage qu’il ait fallu autant de temps pour qu’il ait envers lui une réaction normale. Mais mieux valait tard que jamais, il paraît.

“Il était en train de t’étrangler à mort après t’avoir torturé avec le pire sort qui soit pour ça ! Evidemment qu’il le méritait ! Ce sont ses choix avant tout qui l’ont conduit au cimetière. On en revient à ce que je disais à l’instant. Si ce n’était pas toi dans cette maison, il se serait fait tuer en d’autres circonstances, je ne prends aucun risque à parier là dessus. Et il est aussi parfaitement normal que tu aies eu le désir de le tuer dans l’action. Dans un combat où l’issue est fatale, on ne fait pas de quartier et la seule manière de s’assurer qu’un ennemi ne se relève pas, c’est de le tuer. C’est la nature qui veut ça. Tu as eu un fonctionnement purement instinctif, c’est tout. Qu’on soit des êtres conscients, avec des codes sociétaux, ne nous empêche pas de rester des animaux. Tu ne peux rien contre ça. Ça ne fait pas de toi quelqu’un de moins bien, ça fait de toi quelqu’un en vie.”

Fox, coudes en appui sur la table, les doigts joints devant ses lèvres, fixa la table, méditatif et sombre. Cela pouvait-il être aussi simple ? Jusqu’à maintenant, à part avec sa psy et encore, elle devait lutter pour alors même que c’était son problème le plus urgent, le trentenaire ne parlait que très peu de ce qui s’était passé dans cette foutue baraque. Et comme toutes les personnes au courant lui disaient qu’il n’avait pas eu le choix, que c’était de la légitime défense, il avait fait ce qu’il faisait d’habitude, quand il ne voulait pas se confronter à quelque chose d’abord et quand il avait le sentiment d’emmerder le monde ensuite. Il s’était tu. Et ça avait rendu ses doutes et son sentiment de culpabilité obsédants bien sûr. En fait, en un an et demi, c’était sa première conversation aboutie à ce propos avec quelqu’un d’autre que son toubib, et c’était avec son père. Comme quoi...

“Je suis un meurtrier.” finit-il par dire douloureusement parce que quelque soit la manière d’expliquer les choses, cela se résumait à ce fait grave. Il avait volontairement ôté la vie à un autre être humain.

“Oui.” répondit simplement Simon avec autant de douceur qu’il lui était permis d’avoir de caractère. On vous le disait, le sexagénaire était très pragmatique. Et il ne voyait pas du tout l’intérêt de nier l’évidence. Cela n’aiderait en rien son aîné de son point de vue de minimiser les faits.

“Et il va falloir que tu apprennes à vivre avec ça et à te pardonner. Il est là, ton problème. Tu dois apprendre le pardon, envers les autres certes, et je parle de manière générale, pas dans mon intérêt, que ce soit clair, mais surtout envers toi-même.”

Ces mots-là surprirent particulièrement Dray. Il ne s’était pas attendu à ce que son père le connaisse aussi bien. Avec toutes leurs querelles, c’était inattendu. Ou alors il était vraiment facile à cerner… Et ça, ce n’était pas rassurant.

Et ce qui était encore plus hallucinant, c’était que Simon donne à son fils aîné une réelle leçon de vie, de manière paisible et constructive et que ce dernier l’accepte sans se rebiffer. Comme quoi, tout pouvait bien arriver dans cette chienne de vie.

“Je ne sais pas comment faire…” finit par murmurer Dray. “Le pardon est une faiblesse. Tu te souviens de ça ?”

Les derniers mots du New-Yorkais avaient été plus durs. Et pour cause… C'était un des nombreux préceptes discutables de Simon. Le patriarche baissa la tête, pris en faute. Il ne s'était pas attendu à recevoir un tacle à ce moment là de la conversation.

"Oui… Tu devais me succéder, dans un monde très concurrentiel. Je voulais t’endurcir et que tu sois sans pitié envers tes adversaires.”

Dray retint difficilement une grimace amère et presque méprisante.

“Et aujourd'hui, tu me demandes de revoir ta copie. Je suis supposé faire ça comment ?”

Simon continua à fixer la table, définitivement mal à l’aise avec le sujet, malgré le fait que ce soit lui qui l’ait mis sur le tapis. Cette discussion en général était casse-gueule en fait ! Cela paraissait toujours plus facile sur le papier.

“Je suis désolé, je sais que je n’ai rien fait dans le passé pour te faciliter la tâche aujourd’hui. Et je n’ai pas d’autre réponse. C’est un chemin qui t’est propre. Moi je l’ai trouvé avec Piper et Dorian et je n’ai pas fini de l’explorer.”

“Décidément, tu n’as jamais été aussi désolé qu’aujourd’hui…” marmonna son aîné, peu enclin à continuer sur cette voie, pour tout dire. Piquer son père pour fuir, ça, il maîtrisait beaucoup mieux que les discussions pseudo-philosophiques. Surtout avec lui !

Fox Senior n’eut aucun mal à comprendre la manoeuvre. Il ne releva donc pas l’attaque. Et au contraire même, il encouragea le mouvement.

“Tu dois apprendre le pardon, moi la pénitence. Un autre café ?”

Dray, évidemment, se saisit immédiatement de l’occasion et refusa.

“Non, je dois y aller.”

Il n’avait en réalité rien à faire, bien sûr. Mais cette conversation surréaliste avec son père avait duré déjà trop longtemps à son goût. Et tout ce qui avait été dit, tout ce qui avait transpiré, c’était beaucoup trop, surtout après une très mauvaise nuit et une séance chez sa psy. Le trentenaire avait besoin de prendre ses distances avec tout ça, son paternel surtout et le monde en général. Et sans le vouloir, Simon lui avait offert une sortie toute trouvée.

Il se leva donc avec la ferme intention de s’en aller, se retournant déjà. Et si Simon avait offert une ouverture pour changer de sujet, il n’avait pas prévu que son fils la prenne pour mettre un terme définitif à leur conversation. Et si Dray quittait les lieux, ils seraient repartis pour des semaines, voire des mois de silence, c’était évident. Le sexagénaire se leva donc à son tour mais se retint cette fois, de retenir physiquement son aîné, il avait appris de leur dernière rencontre.

“Attends ! Nous avons encore pas mal de choses à nous dire, tu ne crois pas ?”

Dray fit volte face un instant et fixa son père avec autant de fatigue que d’amertume. Décidément, il savait de qui il tenait son obstination...

“La sénilité te guette si tu as sincèrement cru qu’une conversation suffirait pour combler le fossé qu’il y a entre nous. On ne s’est miraculeusement pas encore déchirés mais les instants de grâce ne durent pas. Alors restons-en là.”

Mais évidemment, Simon insista. Au contraire, ils étaient sur un bon mouvement, il était dommage à ses yeux de ne pas continuer sur la lancée. Son fils était une tête de mule mais lui aussi. Et il n’était pas question qu’il le laisse prendre la tangente aussi facilement après autant d’efforts, de part et d’autre.

“Dray, écoute-moi…”

Le New-yorkais s’agaça pour de bon. Son père voulait parler ? Il voulait entendre ce qu’il pensait réellement de tout ça ? Très bien. Fox décida de jouer cartes sur table et cette fois, il allait changer, lui aussi, son angle d’attaque. Pas sûr que son père apprécie davantage cette voie que celle de la discorde, par contre…

“Non ! Ce que j’ai à te dire, tu le sais déjà. Ce que tu as à me dire, je ne suis pas en mesure de l’entendre. Et tu as beau essayer de me vendre ta repentance, je reste convaincu que c’est un jeu de dupes et que la facture me sera présentée un jour ou l’autre. Tu veux qu’on parle à coeur ouvert, père ? que je dépasse ma haine ? Ok. Nos combats, nos engueulades, toutes ces conneries, je n’en ai plus la force. T’as dû le comprendre à présent. Alors si, comme je le crois, tout ça entre dans une obscure stratégie sur le long terme, tu te fatigues pour rien. Quel que soit ton objectif final, le Groupe certainement, t’as déjà gagné, tu peux arrêter ton cinéma dès maintenant parce que maintenant, tu joueras tout seul. On va gagner du temps. Préviens les administrateurs de mes problèmes, convaincs les actionnaires de mon incapacité, fais ce que tu veux, je m’en fous. Tu veux récupérer le Groupe ? Je te le rends. Juste, fous-moi la paix. Ne m’entraîne pas dans une nouvelle galère, un de tes plans tordus où je ne suis qu’un pion que tu balades et que tu brades. J’ai déjà du mal à ne pas couler, cette fois, tu me flingueras. Stricto sensu. Je t’en prie ! Ne - me fais - plus de mal !”

Etonnant comme une capitulation pouvait parfois avoir plus de force qu’une attaque directe. Simon se rassit sous l’estoc et fixa la table en déglutissant avec mal, mal à l’aise. Celle-là, il ne l’avait pas vu venir et en un coup, son fils l’avait désarmé. Jamais Dray ne l’avait supplié. Et ce qu’il lui demanda, fort simple et naturel et en même temps traumatique, en plus de son avertissement, laissa au sexagénaire un profond sentiment de malaise et de culpabilité. Il n’avait rien organisé, il pouvait le jurer sur ce qu’il avait de plus cher, même si ça ne prouvait rien. Mais cela mettait en lumière ce qu’il avait déjà fait et comment Dray avait vécu les évènements (mal forcément, Simon s’en doutait bien mais à ce point…). Et la menace de son aîné lui faisait froid dans le dos quand il l’additionnait à ce qu’il savait déjà. Le père releva les yeux gravement sur le fils.

“Même si tes soupçons sont compréhensibles, tu te trompes. La direction du Groupe n’est plus dans mon intérêt. J’ai fini par comprendre qu’il était temps que je passe la main. Je suis du passé, ce qui aurait fini par lui porter préjudice. On est d’accord là dessus, non ? Et de surcroît, j’ai découvert les bénéfices de l’oisiveté et Piper m’arracherait les yeux si je reprenais les affaires… Dray… ”

Simon allait répéter qu’il était désolé, qu’il s’excusait. Mais il se rendit compte qu’une fois de plus n’allait rien changer à la manière dont Dray avait ressenti les événements et n’apporterait pas plus de sens ou de valeur à ses mots. Au contraire, même. Comme ce dernier l’avait dit, il l’avait déjà trop dit.

“Que puis-je faire ou dire pour te convaincre qu’il n’y a aucun plan ?”

“Rien. Laissez-moi tranquille, tous autant que vous êtes ! C’est tout.” répliqua le New-yorkais du tac au tac, durement. Déjà qu’il voulait en finir avec cet entretien qui ne rimait à rien, avec ce qu’il venait de balancer à son père, lui faire face tenait de l’épreuve. Il avait vraiment le sentiment d’en avoir beaucoup trop dit pour son propre bien, de s’être trop dévoilé. C’était sans doute une nécessité, du moins, c’était ce que lui conseillait sa psy à ce sujet mais il se sentait surtout vulnérable et en position dangereuse.

Simon soupira. De son côté, ils étaient dans une impasse tant que son aîné refusait le dialogue et se braquait à ce point. A part lâcher du lest, il ne voyait pas trop ce qu’il pouvait faire de plus pour l’instant. Il trouverait bien un moyen de provoquer une nouvelle rencontre après quelques temps.

“D’accord...”

Dray se retourna donc sans plus un regard pour son père et se retrouva rapidement dehors en train de s’allumer nerveusement une cigarette. Bon sang, il venait de se passer quoi, au juste ? Il avait le sentiment très désagréable d’être largué. Il n’avait aucun contrôle sur les évènements. Sans compter que son secret avait été éventé et ça c’était très mauvais ! Et c’était à son père, au courant de toute l’affaire, qu’il devait que ce ne fût pas carrément un désastre ! Fox aspira difficilement sur le tube de nicotine. Une bouffée d’anxiété lui serrait la gorge et la poitrine et lui tordait les entrailles depuis que son père lui avait dit qu’il savait. Il avait réussi à la maîtriser durant la conversation parce qu’il s’était répété qu’il n’était pas question qu’il perde davantage la face devant son père.

“Ca va, Dray ?”

Bobby l’avait rejoint, bien sûr. Fox, sans répondre, observa ses hommes sortir à leur tour du café et faire mine de se perdre dans la foule, puis un couple main dans la main, les croiser et passer à ses côtés. En fait, il ne pensait qu’à une chose, là… Il lui fallait définitivement autre chose qu’une cigarette… Son poison coincé entre l’index et le majeur, il se surprit à se gratter l’intérieur du coude droit du pouce dans un geste fébrile et parfaitement irréfléchi, poing droit serré à rompre. Cette double constatation et le sens qu’avait ce mouvement l’irritèrent. Manquait plus que ça !

“Faut que je vois Alec.”

Manning fronça les sourcils d’inquiétude, sachant depuis le temps le rôle du sus-nommé mais eut l’excellente idée de ne faire aucun commentaire.


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